Chute (incontrôlée) d’une fusée chinoise ce week-end : où va-t-elle retomber sur Terre ?

Publié le 8 mai 2021 à 10h31, mis à jour le 9 mai 2021 à 9h00

Source : TF1 Info

HORS DE CONTRÔLE - Une fusée chinoise en orbite autour de la Terre doit faire son retour dans l'atmosphère ce week-end. Le point d'impact reste difficile à prévoir. Voici ce que l'on sait.

L’annonce peut au premier abord inquiéter : une fusée chinoise est actuellement en train de chuter sur la Terre sans que l’on sache où et quand elle atterrira. Pour autant, les experts s’accordent à dire que les probabilités qu’elle atteigne une zone habitée sont très faibles. Que faut-il savoir sur cet incident ?

Comment en est-on arrivé là ?

Cette fusée, baptisée Longue-Marche 5B, a été lancée dans l’espace le 29 avril dernier par la Chine. Elle portait le premier élément de la future station spatiale chinoise "Tianhe". Une fois la mise en orbite accomplie, les concepteurs de l’engin avaient prévu que le premier étage de la fusée, devenu inutile, retombe naturellement vers la Terre et se désintègre dans l’atmosphère.

Mais plusieurs experts ont émis des doutes quant à cette issue. Avec sa masse - entre 10 et 18 tonnes -, il est peu probable que l’étage de Longue-Marche se consume entièrement expliquent-ils. "Vu la taille de l'objet, il y a forcément de gros morceaux qui resteront", prévient Florent Delefie, astronome à l'Observatoire de Paris-PSL. Et d’anticiper "si la fusée est formée de matériaux qui ne se désagrègent pas en rentrant dans l'atmosphère, c'est plus risqué. Ce qui semble être le cas pour Longue-Marche".

A quelle issue faut-il s'attendre ?

Le fait le plus inquiétant est que, vu son altitude d’entre 150 et 250 kilomètres, il est très difficile de déterminer quand et où la fusée atterrira. Ces couches de l'atmosphère étant plus vulnérables aux variations de la densité, "on ne peut pas savoir exactement à quel moment la retombée aura lieu", détaille Nicolas Bobrinsky, chef du département Ingénierie et Innovation à l'agence spatiale européenne (ESA).

Il est toujours prévu que l’atterrissage ait lieu dans la nuit de samedi à dimanche entre 23h50 (heure de Paris) et 07h00. La seule certitude est que, l’objet suivant une orbite déterminée, il ne pourra tomber que suivant une latitude qui traverse, par exemple, la Grèce, l'Espagne ou le Maghreb.  "Plus on avance dans le temps, plus on peut exclure de zones. Mais nous n'avons pas les instruments pour prévoir suffisamment à l'avance le lieu précis", regrette l’astronome Florent Delefie.

Quel est le risque qu’une zone habitée soit touchée ?

La Chine a tenté d’emblée de rassurer quant à la dangerosité de cet objet. Selon Pékin, le scénario le plus probable est celui d’une chute en mer, dont notre planète est constituée à 75%, ou dans une zone désertique. 

Des données confirmées par Nicolas Bobrinsky : la probabilité d'un impact sur une zone habitée est "infime, de moins de une sur un million, sans doute", minimise-t-il. Il ajoute que la vitesse d’impact de ces débris – environ 200 kilomètres heure – n’ont rien de comparable avec la chute d’une météorite qui file à 36.000 kilomètres heure. Les dégâts seraient donc limités bien que fatals tout de même sur une personne. 

Un tel incident a-t-il déjà eu lieu ?

Selon Stijn Lemmens, expert à l'Agence spatiale européenne, il y a eu près de 6.000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l'homme dans l’atmosphère en 60 ans de vols spatiaux. Un seul débris a touché une personne sans la blesser.

Pour autant, Nicolas Bobrinsky critique la gestion chaotique de cet essai par la Chine : "Les Chinois auraient dû anticiper une rentrée contrôlée avec une rétrofusée, comme l'avaient notamment fait les Russes en désorbitant la Station Mir", explique-t-il. D’autant qu’en 2020, des débris d’une autre fusée Longue-Marche s'étaient déjà écrasés sur des villages en Côte d'Ivoire, provoquant des dégâts, mais sans faire de blessés.


La rédaction de TF1info

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