Conquête de l'espace : la Chine lance le premier module de sa station spatiale

par Thibault ROQUES
Publié le 30 avril 2021 à 18h22
La Chine a lancé le premier module, Tianhe, de Tiangong, sa future station spatiale, ce jeudi 29 avril 2021.
La Chine a lancé le premier module, Tianhe, de Tiangong, sa future station spatiale, ce jeudi 29 avril 2021. - Source : STR / AFP

SPATIAL - La Chine continue à vouloir conquérir l'espace. Après ses missions lunaires réussies et l'envoi d'une sonde martienne, elle prépare désormais la construction de sa propre station spatiale, dont elle vient de lancer un des modules.

La Chine a lancé jeudi 29 avril Tianhe ("Harmonie céleste" en français), le premier module de sa future station spatiale chinoise, baptisée Tiangong ("Palais céleste"). Pesant vingt tonnes, Tianhe sera le cœur de la future station et servira à la piloter. Long de 16,6 m et d'un diamètre de 4,2 m, ce sera le lieu de vie des taïkonautes chinois. 

Cette station peut accueillir de trois astronautes pour six mois et sera rejointe par son équipage le 10 juin 2021, dans le cadre de la mission Shenzhou-12, premier voyage chinois depuis 2016. 

Une base pour des "opérations de plus grande envergure"

D'environ 66 tonnes, la station devrait compter au minimum trois modules. Un télescope spatial avec un miroir de 2,40 m de diamètre, comparable à Hubble doit notamment s'y intégrer. Le lancement de l'instrument est prévu pour 2024. "Palais céleste" évoluera alors en orbite terrestre basse, entre 340 et 450 km d'altitude. Sa construction nécessitera une dizaine de missions jusqu'à fin 2022. 

"Elle servira de base à des opérations de plus grande envergure : missions habitées vers la Lune, tourisme spatial, sciences spatiales...", explique Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com et spécialiste du programme spatial chinois à franceinfo. "Cela devrait lui permettre d'avoir une présence humaine permanente dans l'espace."

Deux stations dans l'espace

Avec l'ISS, chapeautée par la Nasa, l'agence spatiale américaine, il y aura donc deux stations en orbite autour de la Terre. "Politiquement, cela symbolise le renforcement de la concurrence entre États-Unis et Chine", note Chen Lan. 

De par sa taille et ses coopérations internationales pour l'instant limitées, la station chinoise n'a toutefois pas les moyens d'être une concurrente de l'ISS, "globalement plus mature et performante", estime Jonathan McDowell. Pékin s'est toutefois dit ouvert à des collaborations avec l'étranger. Des scientifiques chinois et de l'ONU ont ainsi sélectionné des expériences de chercheurs étrangers, qui seront menées dans la future station spatiale chinoise (CSS en anglais). 

Le géant asiatique investit depuis quelques décennies des milliards dans son programme spatial. La Chine avait envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003. Le pays a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune - une première mondiale. L'an passé, il avait rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite (concurrent du GPS américain). 

La Chine prévoit par ailleurs de faire atterrir le mois prochain un robot sur Mars ou encore d'envoyer des humains sur la Lune à l'horizon 2030. Elle a également annoncé vouloir construire une base lunaire avec la Russie.


Thibault ROQUES

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