Espace : tout le monde peut-il vraiment s'y envoler dans désormais ?

Publié le 14 octobre 2021 à 9h55

Source : JT 20h Semaine

TOURISME SPATIAL - Une fusée de Blue Origin s'est envolée mercredi avec, à son bord, William Shatner, acteur iconique de la série Star Trek, âgé de 90 ans. L'occasion de se demander si n'importe qui peut désormais s'envoler dans l'espace, quelle que soit sa condition physique.

William Shatner, en s'embarquant à bord de la fusée New Shepard qui s'est envolée depuis le Texas pour un voyage spatial de quelques minutes, est devenu, à 90 ans, la personne la plus âgée à atteindre l'espace. Le symbole que, loin des premières missions spatiales, les conditions pour s'envoler dans l'espace sont de moins en moins strictes. 

"On maîtrise de plus en plus le risque de la santé de manière générale", explique à LCI.fr Bernard Comet, médecin au MEDES (Institut de médecine et de physiologies spatiales à Toulouse) et président du Medical Board de l'ESA (l'Agence spatiale européenne).

En effet, si on a souvent en tête des images d'astronautes surentraînés répondant à des critères physiques très précis, les vols spatiaux sont ouverts à un panel de passagers de plus en plus large, quel que soit leur âge ou leur condition physique. "A priori, il n'y a pas d'âge minimum", explique ainsi Bernard Comet. Ce qui implique que même un enfant pourrait un jour voguer vers les étoiles. Un exemple bien concret atteste d'ailleurs de cette hypothèse : l'astronaute le plus jeune, pour le moment, est un Néerlandais de 18 ans qui s'est envolé lors du premier vol de Blue Origin, en juillet dernier. 

Quelqu'un qui n'a pas de gros problèmes de santé peut voler
Bernard Comet, président du Medical Board de l'ESA

Le médecin nous explique aussi que lors d'un voyage spatial en microgravité, le corps humain est exposé à des petites doses de radiation en continu. Or, "on sait que les doses de radiation sont cumulées : plus vous en recevez plus les probabilités d’avoir un cancer radioactif sont augmentées". Dès lors, "l'âge peut même être un avantage", poursuit-il, car en raison d'une espérance de vie plus réduite, les astronautes plus âgés présentent une probabilité plus faible de développer des cancers dans les années suivant leur périple spatial.

Pour autant, souligne donc Bernard Comet, "quelqu'un qui n'a pas de gros problèmes de santé peut voler". Et d'ajouter : "tout le monde croit que les astronautes sont de grands sportifs, c'est faux. Il faut surtout être en bonne santé et ne pas être sédentaire", ces personnes étant davantage sujettes à des problèmes physiques. 

Des commissions médicales pour sélectionner les candidats

Certaines pathologies comme l'ostéoporose ou l'asthme ne sont cependant pas recommandées pour un vol, selon l'expert. Pour autant, plutôt que des critères fixes et définis en amont, le Dr Comet parle surtout d'une sélection au cas par cas. "Quand il y a des cas litigieux, on a des commissions médicales, on en parle entre nous et on voit si le voyage spatial fait prendre un risque à l'équipage comme au sujet", complète l'expert.

Dans le même temps, une situation de handicap, elle non plus, ne semble plus être un frein pour le voyage spatial, même pour des astronautes professionnels. Ainsi, l'Agence spatiale européenne (ESA) a récemment ouvert son recrutement, cette année, à des personnes qui présentent certaines formes de handicaps, comme une petite taille,  le port d'une prothèse ou une jambe plus courte que l'autre.

Pour la suite, l'ESA l'assure, les critères pour s'envoler dans l'espace continueront à s'élargir au fur et à mesure que la recherche scientifique progressera.


Aurélie LOEK

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