MEDECINE - Une thérapie "supramoléculaire" d'un genre nouveau vient d'être mise au point pour réparer les lésions de la moelle épinière. Les essais sur des humains pourraient commencer d'ici deux ans.
La découverte peut redonner de l'espoir aux personnes atteintes de paralysie. Des chercheurs ont réussi à faire remarcher des souris atteintes de lésions de la moelle épinière et qui avaient leurs pattes arrière complètement paralysées. Une seule injection de nanofibres synthétiques a suffi d'après leur étude, parue ce jeudi dans la revue Science.
Cette thérapie d'un nouveau type utilise des nanofibres pour imiter l'environnement naturel de la moelle épinière. Chaque nanofibre, qui est 10 000 fois plus fine qu'un cheveu, est faite de centaines de milliers de molécules appelées peptides, qui transmettent des signaux pour déclencher la réparation et la régénération des cellules.
Une avancée majeure qui pourrait révolutionner les traitements contre les lésions de la moelle épinière, contre lesquels il n'existe pas de traitement. "Je suis extrêmement excité et confiant que cela aidera les patients", a déclaré le professeur Samuel Stupp, de la Northwestern University de Chicago, à l'origine de l'étude. L'équipe prévoit de demander dès l'année prochaine à la Food and drug administration (FDA), le régulateur américain des médicaments, l'autorisation de mener un essai sur l'homme et espère pouvoir commencer les essais d'ici deux ans.
In mice with a spinal cord injury, mixing materials including bioactive sequences formed a polymer meshwork that improved axon regrowth, angiogenesis, and neuronal cell survival, @SamuelStupp and colleagues report in @ScienceMagazine https://t.co/0ypnr1NvrB pic.twitter.com/LHCMMWLF1i — Meagan Phelan (@MeaganPhelan) November 11, 2021
Trois à quatre semaines suffisent
La thérapie, qui se présente sous forme de gel, a été injectée dans les tissus entourant la moelle épinière de souris de laboratoire 24 heures après que leur colonne vertébrale ait été sectionnée. Les chercheurs ont décidé d'attendre un jour parce que les humains victimes de lésions à la colonne vertébrale lors d’accidents de la route, de blessures par balle ou d'autres traumatismes ne reçoivent généralement pas de traitement plus tôt.
Les résultats sont spectaculaires: trois à quatre semaines plus tard, la colonne vertébrale des souris marchait quasiment aussi bien qu'avant la blessure. L'étude a également révélé que le traitement provoquait la repousse d'extensions sectionnées de neurones, appelées axones, une réduction du tissu cicatriciel, qui peut devenir un obstacle physique à la réparation, ainsi que la formation de nouveaux vaisseaux sanguins.
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Un traitement "supramoléculaire" d'un genre nouveau
Cette avancée intervient après un certain nombre d'études très médiatisées sur les lésions de la moelle épinière au cours de la dernière décennie qui ne se sont pas encore traduites par des traitements approuvés pour les patients. Selon Samuel Stupp, le médicament est simple et sûr parce que les matériaux se décomposent en quelques semaines et deviennent des nutriments pour les cellules.
Outre les paralysies, ce gel est le premier de la sorte et pourrait conduire à une nouvelle génération de médicaments appelés "supramoléculaires", composés d'un assemblage de molécules et non d'une molécule simple.