Un hélicoptère de la Nasa doit tenter un premier vol sur Mars début avril

M.L. avec AFP
Publié le 24 mars 2021 à 6h37, mis à jour le 24 mars 2021 à 6h50

Source : JT 13h WE

EXPLORATION SPATIALE - La date exacte de l'essai annoncé par la Nasa ce mardi 23 mars reste à déterminer. Il s'agirait de la première tentative de vol avec un engin motorisé sur une autre planète que la Terre.

Rien de moins que "l’équivalent martien du premier vol historique des frères Wright sur Terre". Près de 120 ans après l’exploit de ces pionniers, parvenus à conduire un avion doté de moteur et d’hélices, la Nasa n’hésite pas à dresser le parallèle avec les essais d’Ingenuity. L’hélicoptère est arrivé avec le rover Perseverance le 18 février sur la planète rouge. Début avril, il devra tenter l’inédit : l’envol d’un engin motorisé sur une autre planète, a annoncé l’agence spatiale américaine ce mardi 23 mars.

Selon les détails communiqués par la Nasa en conférence de presse, les manœuvres tentées resteront limitées. Après un décollage à la verticale, l’engin devrait atteindre une altitude de trois mètres puis se maintenir dans une position stationnaire pendant 30 secondes. Il pourra effectuer une rotation sur lui-même avant de se poser au sol.

"Quand l’hélicoptère entreprend un vol de ce type, a ajouté Håvard Grip, pilote en chef d’Ingenuity, il a déjà reçu des instructions de notre part depuis la Terre quelques heures auparavant. […] Il sait exactement, à ce moment, ce que nous voulons qu’il fasse. Mais il doit travailler très dur pendant le vol pour faire en sorte que ça arrive." L’hélicoptère doit effectivement analyser lui-même sa position par rapport au sol, tout en prenant 30 photos par seconde.

Contraintes multiples

Si l’essai est concluant, c’est une véritable prouesse qui aura été réalisée. L’atmosphère martienne présente une densité équivalente à 1 % seulement de celle de la Terre, l’énergie reçue du soleil y est limitée et les températures, la nuit, peuvent atteindre - 90 °C. Autant de contraintes avec lesquelles Ingenuity - 1,2 m de long d’une pale à l’autre, 1,8 kg - doit composer. "Pour voler dans l'environnement martien, il doit être léger. Pour survivre aux nuits glaciales martiennes, il doit avoir assez d'énergie pour alimenter les chauffages internes", résume la Nasa, qui a dépensé environ 85 millions de dollars pour son développement.

La date de l’essai n’est pas encore connue. "Notre meilleure estimation à l'heure actuelle est le 8 avril", a déclaré Bob Balaram, ingénieur en chef du projet, tout en précisant qu’elle pourrait être amenée à évoluer. Pour l’heure, Ingenuity se trouve replié, embarqué sous Perseverance. Ce dernier devra l’amener jusqu’à la zone survolée, "ce qui prendrait encore quelques jours", a évalué Farah Alibay, en charge de faire le lien entre les équipes chargées du véhicule et de l'hélicoptère.

Nouvelles voies d'exploration

Le rover larguera ensuite ce dernier au sol, avant de rouler par-dessus lui pour s’éloigner. Une opération qui doit durer moins de 25 heures, puisque l’engin volant a besoin d’alimenter ses panneaux solaires en énergie afin de ne pas subir de dommages. Le rôle de Perseverance sera ensuite de capturer avec ses caméras la tentative depuis un point d’observation.

Au total, cinq vols de difficulté croissante sont prévus sur un créneau d’un mois. S’ils sont concluants, Ingenuity ouvrirait une nouvelle voie pour l’exploration de planètes, la voie aérienne permettant d’observer des zones impraticables pour des rovers, comme des canyons. Un autre projet similaire est également en développement par la Nasa. La mission "Dragonfly" prévoit ainsi l’envoi en 2026 d’un drone vers la plus grande lune de Saturne, Titan. La destination pourrait être atteinte en 2034.


M.L. avec AFP

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