Arrivés sur la Lune, Vikram et le petit robot Pragyaan sont-ils "vivants" ? L'Inde garde espoir

Publié le 9 septembre 2019 à 14h31, mis à jour le 10 septembre 2019 à 9h17

Source : JT 13h WE

COSMOS - Lundi en fin de matinée, l’Agence spatiale indienne était toujours sans nouvelles de son module lunaire, qui s'est posé ce week-end sur notre satellite. Si l'engin a bien été repéré via des images satellites, il reste silencieux, tout comme le petit robot qui l'accompagne.

L’Inde n’a pas décroché la Lune. Visages mâtinés de tristesse et de déception, au centre de contrôle des opérations, à Bengalore, les ingénieurs de l'agence spatiale indienne avaient toujours la tête des mauvais jours ce lundi matin. L’atterrisseur Vikram, qui devait faire du géant de l’Asie du Sud la quatrième nation à poser un appareil sur le satellite naturel de la Terre, a bien touché le sol de notre satellite mais reste toujours silencieux. "La descente de l'atterrisseur Vikram se déroulait comme prévu, a expliqué samedi 7 septembre le président de l'Organisation de la recherche spatiale indienne (Isro), Kailasavadivoo Sivan. Puis la communication entre l'atterrisseur et le contrôle au sol a été perdue."

Dimanche 8 septembre, au surlendemain de la perte de contact, un porte-parole de l’Isro a indiqué que  l’appareil avait été localisé, ravivant un temps l’espoir que celui-ci soit indemne à la surface du satellite naturel de la Terre. L’imagerie thermique prise par l’orbiteur de la mission Chandrayaan-2 n’a cependant pas été rendue publique. "Les données sont en cours d'examen. Nous ne sommes pas encore en mesure de déterminer les conditions dans lesquelles l’atterrisseur a touché le sol. Il faudra d’autres éléments pour savoir s’il a survécu structurellement ou pas", a fait savoir un responsable scientifique de la mission. Depuis, l'agence spatiale indienne tente par tous les moyens d'entrer en contact avec lui.

Une mission "100% made in India"

Partie le 22 juillet de la Terre, la mission Chandrayaan-2 ("Chariot lunaire 2", en français) avait pourtant bien commencé.  Au terme d’un mois et demi de rotations autour de la Terre, le vaisseau indien s’était placé en orbite lunaire et avait largué avec succès le module  lunaire. Une fois sur place, Vikram devait quant à lui libérer Pragyann, un petit robot fonctionnant à l’énergie solaire. L'engin d’exploration, qui transportait notamment à son bord un drapeau indien, avait pour mission d’inspecter pendant quatorze jours le pôle Sud de la Lune, une région encore inexplorée par l’Homme.

Il est  fort probable que Vikram soit en fait arrivé à une trop grande vitesse à la surface de la Lune. Au mois d’avril, la sonde lunaire israélienne Beresheet s’était écrasée elle-aussi lors de sa première tentative d’alunissage. De fait, 40% des missions lunaires sur la Lune se sont soldées par un échec. Sur les 109 missions lunaires au cours de cette période, 61 ont réussi et 48 ont échoué. Et, à ce jour, seulement trois pays - la Russie, les Etats-Unis et la Chine - sont parvenus à y poser un appareil en douceur.

Aux portes du gotha des puissances lunaire

Sur la scène internationale, les déboires du programme spatial indien ont fait réagir le voisin et ennemi pakistanais. Au surlendemain de cet échec, le ministre des Sciences et des Technologies, Fawad Chaudhry, a critiqué la tentative indienne dans un tweet, l'accusant  de polluer l'espace avec ses bricolages, ce qui a ravivé les tensions entre les deux pays. 

Fair-play, l'Agence spatiale américaine a adressé quant à elle un message de soutien à son homologue indienne. "L’espace est difficile, nous saluons la tentative de l’Isro", a commenté la Nasa sur son compte Twitter, évoquant de potentielles futures collaborations entre les deux pays.

En dépit de son épilogue, la mission indienne est un demi-échec. Le conseiller scientifique en chef du pays, K. Vijay Raghavan, a décrit samedi la mission Chadrayaan-2 comme "un bond technologique très complexe, de taille par rapport aux missions précédentes de l'Isro". L'orbiteur va continuer de tourner autour de la Lune pendant un an et va aider l'Inde à mieux comprendre l'évolution de la lune, à cartographier les molécules aquatiques et minérales grâce à ses huit instruments scientifiques. "Après un moment de découragement, il est toujours opérationnel ! (...) Bravo à l'Isro", s’est-il enthousiasmé. 

Pour l'Inde, l'aventure spatiale ne fait que commencer. Le géant de l'Asie du sud est devenu en 2013 le premier pays asiatique à placer un engin spatial en orbite autour de Mars. Depuis, les Indiens continuent d'avancer au pas de charge. New Delhi compte notamment d'ici 2022 envoyer un équipage de trois astronautes dans l'espace, ce qui serait son premier vol habité. Ses scientifiques travaillent aussi à l'élaboration de sa propre station spatiale, attendue au cours de la prochaine décennie. 


Matthieu DELACHARLERY

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