Chatouiller, caresser... : grâce à cette peau artificielle, nos robots deviendront-ils un jour sensibles au toucher ?

Publié le 22 octobre 2019 à 10h29, mis à jour le 27 novembre 2019 à 14h13

Source : Sujet TF1 Info

MONDE DE DEMAIN - Des scientifiques français et britanniques ont mis au point une peau artificielle à appliquer sur n'importe quel type de machine afin d'"établir le contact". Pour en savoir plus, LCI a contacté le chercheur français Marc Teyssier, l’un de ses concepteurs.

Après avoir appris à se déplacer, s'exprimer, reconnaître voire sentir, les robots sont en passe d'acquérir le sens du toucher. S’inspirant de la peau humaine, des scientifiques des universités de Bristol, La Sorbonne et Télécom Paris, ont en effet mis au point une peau artificielle permettant de doter d’acuité tactile n'importe quel appareil électronique, ou presque. "Jusque-là, la tendance était d'éviter que les robots n'entrent en contact avec leur environnement. Ici, à l’inverse, le but est d’établir un contact entre l’utilisateur et la machine", explique à LCI Marc Teyssier, chercheur en interaction homme-machine à Paris Télécom, qui a conçu ce prototype.

Ressemblant à s’y méprendre à de la peau humaine, cette membrane en silicone est capable, une fois couplée avec une machine (smartphone, ordinateur, robot éducatif), de lui transmettre la sensation de chatouillement, de torsion, de caresse ou encore de pincement. Son petit nom ? Skin-On. "Le postulat de départ était de reproduire à l’identique l'architecture de la peau humaine. Aussi bien la texture et la pigmentation que sa structure interne", souligne le jeune chercheur, qui termine actuellement une thèse à l'école Télécom Paris sur le toucher social et affectif dans le domaine de l’interaction homme-machine.

Un aperçu des prototypes de peau artificielle développés par le chercheur Marc Teyssier.
Un aperçu des prototypes de peau artificielle développés par le chercheur Marc Teyssier. - SKIN-ON

Encore à l’état de prototype, l'interface Skin-On est constituée de deux couches de silicone et d’hypoderme. Entre les deux, des électrodes reliées par des fils conducteurs font office de nerfs. Ces derniers traduisent les différentes variations de champ électromagnétique en signaux, qui sont ensuite transmis à l'appareil via une connexion sans fil. "C’est exactement la même technologie que celle des écrans tactiles des téléphones",  précise Marc Teyssier, qui a mis en ligne sur son blog un tutoriel reprenant toutes les étapes de la conception de son prototype. 

Mais pour quoi faire au juste ? "Notre étude est la première à se pencher réellement sur l’exploitation d’une peau artificielle comme une nouvelle méthode pour améliorer et faire évoluer notre utilisation des appareils connectés. D'un point de vue technologique, Skin-On n'a rien de révolutionnaire", poursuit le chercheur.  Son but est surtout est d'amener à une réflexion sur l'importance du toucher dans la relation homme-machine. Et de conclure : "Personne ne  dira le contraire : un écran tactile, c’est plat et froid, alors qu’une peau, même artificielle, apporte de l’expressivité et du réconfort. L’intérêt de ce dispositif est justement de combler le manque d’émotion dans nos échanges électroniques."

Des applications diverses

Dans le cadre de leurs recherches, l’équipe de scientifiques a mis au point une coque de smartphone recouverte de peau artificielle. Elle a même créé une application de messagerie, où les utilisateurs peuvent exprimer des émotions grâce à ce prototype de peau artificielle. "Un chatouillement, par exemple, va faire apparaître un emoji souriant". Leurs recherches pourraient bénéficier à d'autres usages. On peut aussi imaginer l'utiliser pour communiquer avec un avatar virtuel dans un jeu vidéo", reprend Marc Teyssier, dont la vidéo de démonstration sur la plateforme YouTube totalisait lundi 21 octobre plus de 81.000 vues.

A Sorbonne Université, à Paris, des collègues de Marc Teyssier, qui travaillent sur le développement des prothèses de demain, lui ont également fait part de leur intérêt pour cette technologie, confie l'intéressé.  A plus long-terme, cette peau artificielle pourrait en effet recouvrir un bras robotique, qui serait ensuite greffé à un patient. Elle pourrait également intéresser des entreprises de robotique pour doter leurs futurs androïdes "assistant de vie" ou "sexuel" d'une plus grande sensibilité au toucher. Une technologie d'avenir. 


La rédaction de TF1info

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