Des tardigrades rescapés du crash de la sonde Beresheet sont-ils en train de coloniser la Lune ?

Publié le 8 août 2019 à 11h13, mis à jour le 26 août 2019 à 9h38

Source : JT 20h Semaine

COSMOS - La sonde israélienne Beresheet, qui s'est abîmée sur la surface de la Lune en avril dernier, transportait des organismes vivants : des tardigrades. Cet animal microscopique, doté de facultés de survie phénoménales, pourrait avoir survécu au crash.

Ils ont débarqué à l'improviste, en avril dernier, à bord d'un vaisseau spatial. Lorsqu'il s’est écrasé sur la surface de la Lune, le module lunaire Beresheet, censé devenir le premier engin spatial privé à se poser sur le satellite naturel de la Terre, transportait à son bord une colonie de tardigrades. L’animal microscopique, réputé quasi indestructibles, pourrait avoir survécu au crash, nous apprend aujourd'hui un article du magazine américain Wired

Le 11 avril 2019, alors que l’engin israélien se préparait à alunir en douceur dans la mer de la Sérénité, les moteurs censés ralentir sa course ont subitement cessé de fonctionner, brisant instantanément les rêves de conquête spatiale de la jeune pousse israélienne SpaceIL. Par chance, Beresheet n’accueillait pas d’astronautes à son bord. Le vaisseau emportait, en revanche, une capsule contenant un support analogique, sur lequel avait été gravé une "sauvegarde de l'Humanité", conçue par l'Arch Mission Foundation, sur lequel avait été gravé une "sauvegarde de l'Humanité".

NASA

Ci-dessus, l'image capturée le 22 avril 2019 par un satellite de la Nasa montrant le site du crash de l'atterrisseur lunaire israélien.

De la vie sur la Lune ?

Créée en 2015, cette organisation à but non lucratif s’est donnée pour mission de disséminer dans l'espace des archives de connaissances humaines à destination des générations futures. A l'intérieur de sa capsule : quelque  25 millions de pages de la version anglaise de Wikipédia, des dessins d’enfants, des classiques de la littérature, des chansons et des images historiques, les souvenirs d’un rescapé de la Shoah, une Bible, mais aussi les secrets des tours de magie de David Copperfield, des échantillons d’ADN humain... et donc des  tardigrades ! En effet, avant le départ du vaisseau Beresheet, quelques milliers de spécimens déshydratés avaient été distillés sur la bande adhésive utilisée pour fixer la capsule à l'atterrisseur.

D’origine obscure et doté de facultés de survie inouïes, ce proche cousin des arthropodes, plus connu sous le nom d’"ourson d’eau" (à cause de ses griffes), intrigue depuis longtemps la communauté scientifique. De la taille d’un demi-millimètre, il a notamment la capacité de résister à des températures extrêmes (-200°C, +151°C), ainsi qu’aux hautes pressions et au vide quasi absolu, comme c’est le cas dans l’espace. En plus d’être ultrarésistants, les tardigrades sont connus pour être en mesure de végéter plusieurs dizaines d’années en l’absence d’eau, comme c'est également le cas sur la Lune.

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Quelques semaines après le crash de Beresheet, l’entrepreneur américain Nova Spivack, fondateur de l’Arch Mission Foundation, s’était dit confiant quant à la possibilité que la capsule - un objet de la taille d'un DVD - ait pu être éjectée avant que l'engin ne se désintègre et qu’elle soit encore en un seul morceau quelque part près du site du crash. Pour l'heure, personne ne sait si l’ADN ou les tardigrades sont encore intacts, mais Nova Spivack affirme à Wired qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter de la prise de contrôle de la Lune par les oursons d’eau. Pour reprendre vie, les tardigrades lunaires devront être ramenés sur Terre ou dans un lieu où règne une atmosphère, explique  l'entrepreneur américain. Pour l'heure, même s'ils ont survécu au crash, ils sont de fait plongés dans un sommeil profond. 

Heureusement pour lui, il est tout à fait légal de répandre de l'ADN et des organismes vivants sur la Lune. Les missions à destination de Mars sont soumises à des processus de stérilisation beaucoup plus stricts par l'Office de protection planétaire de Nasa, dans le but d'éviter les contaminations. En revanche, ce n'est pas le cas pour la Lune, du fait que l'astre offre peu de conditions propices au développement de la vie. De plus, ce n'est pas la première fois que de l'ADN humain est laissé sur la Lune. Entre 1969 et 1972, au moment du programme spatial américain Apollo, une centaine de sacs poubelles contenant, entre autres, les déjections des astronautes ont été laissés sur la surface de la Lune. 


Matthieu DELACHARLERY

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