Et le premier fruit à voir le jour dans l'espace sera...

ESPACE - Faire pousser des plantes dans l'espace, où la gravité manque et l'eau ne coule pas, peut sembler saugrenu. Mais pour la Nasa, relever ce défi sera crucial pour la prochaine génération d'explorateurs.
Cultiver des légumes et des fruits, à quatre cent kilomètres au-dessus du plancher des vaches, dans un environnement dépourvu de gravité, n’est pas une mince affaire. Alors, imaginez à bord d'un vaisseau spatial, dans le vide sidéral. Dans l’espace, l’eau ne ruisselle pas. Elle s’écoule, en formant de petites bulles en suspension. En outre, en l’absence de lumière émise par le Soleil, pas de photosynthèse. Et sans le vent et les insectes, pas de pollinisation non plus. Difficile dans ce contexte d’avoir la main verte. C’est pourtant l’une des conditions sine qua non pour la préparation des futures missions d’explorations spatiales.
A bord de la Station spatiale internationale (ISS), les astronautes n’ont guère d’occasion de manger des produits frais. Ceux arrivant via les cargos de ravitaillement -des carottes et des pommes de terre, notamment- doivent être consommés, de fait, dans un délai relativement court. La santé des voyageurs de l'espace dépend très largement de leur alimentation. Et cela, d’autant plus que dans les produits lyophilisés un certain nombre d’éléments nutritifs essentiels, comme les vitamines C et K, disparaissent avec le temps. Des recherches l'ont démontré par le passé : si les astronautes en sont privés trop longtemps, le risque de développer des infections, des cancers et des maladies cardiaques s'accroît inévitablement.
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Pour remédier à ce dilemme, l’agence spatiale américaine a mis au point des potagers artificiels, utilisant des technologies de pointe. En collaboration avec le Jardin botanique tropical de Fairchild, en Floride, elle a sélectionné 106 variétés de plantes capables, en théorie, de s’adapter à l’environnement spatial. En 2015, les résidents de la Station spatiale internationale ont pu d’ailleurs déguster le tout premier légume cultivé dans l’espace : une laitue romaine, qui avait poussé hors-sol en une trentaine de jours, sous un système d’éclairage utilisant des LEDs de couleur bleue, rouge et verte. Alors que bette, radis, chou chinois et pois continuent de faire l’objet d’expérimentations, la Nasa envisage maintenant d’y cultiver un fruit.
Et pas n’importe lequel. Après avoir songé pendant un temps à la tomate, les chercheurs de la Nasa semblent avoir jeté leur dévolu sur un aliment beaucoup plus surprenant : le poivron (qui est donc… un fruit !). En début de semaine, ils ont annoncé, dans un entretien accordé au Rio Grande Sun, leur intention d’envoyer des graines de Capsicum annuumn, l'espèce à laquelle appartiennent différentes variétés de poivrons et piments, à bord du laboratoire spatial. Si tout va bien, en novembre prochain, le premier poivron "extraterrestre" pourrait donc voir le jour, estime Ray Wheeler, physiologiste à la Nasa.
Cet aliment, au-delà de sa saveur piquante, a surtout l’avantage d’être particulièrement riche en vitamine C. Pour le cultiver, la Nasa va pouvoir s’appuyer sur son nouveau "potager artificiel", baptisé "The Advanced Plant Habitat" (en français, "l’habitat végétal avancé"). Cette serre ultra high-tech, installée l'an dernier à bord de l'ISS, fonctionne de manière quasiment autonome.
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En parallèle, l’agence américaine va poursuivre l'expérience Veggie. Initié en 2014, ce système de culture, capable de fournir une source de nourriture aux résidents de l'ISS, vise également à étudier les effets thérapeutiques du jardinage sur les astronautes. Car, ne l'oublions pas, l'aspect psychologique sera un élément crucial lors des futures missions habitées qui pourraient durer plusieurs mois, voire plusieurs années.
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