PARI FOU - Lors d'une conférence de presse à Vienne, le célèbre neurologue italien a affirmé avoir réalisé, pour la première fois au monde, l'opération qui consiste à transplanter le corps d'un donneur sous la tête d'un receveur. L'expérience a cependant eu lieu... sur un cadavre.
Il pensait initialement tenir sa promesse en 2016, puis l'a finalement repoussée à 2017. Le neurochirurgien italien Sergio Canavero aurait-il réussi son pari fou de greffer le corps d'un donneur sous la tête d'un receveur ? Il l'a en tout cas affirmé le 17 novembre dernier, lors d'une conférence de presse à Vienne. "La première greffe de tête humaine a été réalisée", a ainsi triomphé le célèbre et controversé neurologue italien, avant d'ajouter : "Tout le monde disait que c'était impossible mais cela a été un succès". Certes, l'opération a bien eu lieu... mais sur un cadavre. Objectif ? Une sorte de répétition générale avant l'étape finale, consistant à greffer la tête d'une personne vivante, ce qui, de l'avis de nombreux spécialistes, a peu de chance d'aboutir.
Cette opération de Sergio Canavero, baptisée chirurgicalement anastomose cephalosomatique (ACS), a duré 18 heures, temps nécessaire pour reconnecter les colonnes vertébrales, les nerfs et les vaisseaux sanguins des deux individus. Elle se serait déroulée en Chine avec l'aide du médecin Xiaoping Ren et son équipe de l'université d'Harbin, qui doivent publier l'étude dans Surgical neurology international. Pour l'heure, aucun cliché ni donnée n'ont été rendus publics.
Un "succès" tout relatif
Alors, peut-on vraiment parler d'exploit ? Difficilement sur des patients décédés (qui ne saignent pas). "La description sur cadavre n’a rien d’exceptionnel. Technologiquement c’est faisable", commente Jocelyne Bloch, professeure de neurochirurgie au Centre Hospitalier universitaire de Lausanne, interrogée par Science et Avenir, notant néanmoins des "techniques d’anastomoses des vaisseaux réalisées assez ingénieuses".
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Dès 2013, le premier coup médiatique du neurochirurgien italien, avait été accueillie avec le plus grand scepticisme par ses pairs, certains lui reprochant de donner de faux espoirs aux personnes souffrant de maladie graves. Banni des Etats-Unis et d'Europe, il a dû se rendre en Chine pour financer ses recherches. Pour rappel, en janvier 2016, ce dernier avait déjà affirmé avoir réussi une transplantation de tête avec des singes. L'animal receveur aurait été maintenu en vie une vingtaine d'heures pour des "raisons éthiques", avant d'être finalement déclaré mort.