DÉCOLLAGE - Lancé ce mercredi soir depuis Kourou, en Guyane, le satellite européen Aeolus utilisera des impulsions laser pour déterminer la direction et la vitesse du vent sur l’ensemble du globe en sept jours. Selon les responsables du programme, les prévisions météo devraient devenir aussi fiables à 15 jours que celles disponibles aujourd'hui à 8 jours. Explications.
Petite révolution dans le monde de la météo. La fusée européenne Vega va s'élancer dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 août, depuis le Centre Spatial Guyanais, avec à son bord un petit bijou de technologie : le satellite Aeolus de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le décollage initialement prévu ce mardi avait été reporté du fait de conditions météorologiques défavorables. Le nouveau lancement est programmé pour 23h20 (heure de Paris). Une fois mis en orbite, à 320 kilomètres au-dessus du plancher des vaches, cet engin d’observation, qui tire son nom d’Eole, le dieu des vents dans la mythologie grecque, aura pour mission d’améliorer les prévisions météorologiques.
The countdown starts today for the launch of the @ESA_EO #Aeolus mission - the first space mission to profile Earth's winds. Liftoff is set for 23:20 CEST (21:20 GMT). Join us for live coverage from 23:00 CEST (21:00 GMT) via https://t.co/POll6q6LHa pic.twitter.com/d9PQwMsVy5 — ESA (@esa) August 22, 2018
Aeolus, qui a été confectionné dans les laboratoires d’Airbus Defence and Space, fournira aux scientifiques et aux météorologues des mesures directes à intervalles réguliers. Pour ce faire, "Aeolus effectuera quinze rotations quotidiennes autour de la Terre et livrera les données aux utilisateurs dans les deux heures suivant la dernière mesure de son orbite", précise le constructeur Airbus, dans un communiqué. Coût de la mission : 481 millions d’euros.
Les agences météo pourront intégrer ces données presque en temps réel
Mark Drinkwater, chef de la mission de lancement d'Aeolus
Les satellites actuels observent le mouvement des nuages ou des vagues (à l’échelle du centimètre). Aeolus, avec ses 16,50 mètres d’envergure, utilisera quant à lui une méthode inédite basée sur la mesure des variations d’impulsion laser réfléchies par les particules atmosphériques. "Les agences météo pourront intégrer ces données presque en temps réel, tout comme les climatologues", explique Mark Drinkwater, le chef du département qui supervise la mission, cité par Le Monde.
Son instrument unique, nommé Aladin (pour Atmospheric LAser Doppler INstrument), est le résultat de seize années de recherches et témoigne de l’expertise française, internationalement reconnue en matière de lidars, soutenue par le Centre national d’études spatiales (CNES) et portée par des laboratoires du CNRS et des universités de Paris. Un lidar, pour faire simple, est un instrument qui émet un faisceau laser et en reçoit l’écho, comme un radar.
"Cette technologie permet de déterminer la distance d’un objet ou, par exemple, d'un flux d’air. Et donc, par extension, sa vitesse. Grâce aux pouvoirs d'Aladin, le satellite européen sera en mesure de sonder les basses couches de l’atmosphère terrestre (entre environ 10 et 30 km d’altitude). De ce fait, il sera capable de produire des profils verticaux des vents et de recueillir des informations sur les aérosols (poussières) et les nuages (vapeur d’eau).
Une plus grande fiabilité
Les scientifiques seront dès lors en mesure de modéliser des cartes dynamiques en trois dimensions des vents terrestres, sur l’ensemble du globe. Selon les responsables du programme, les prévisions météo devraient ainsi devenir aussi fiables à 15 jours que celles disponibles aujourd'hui à 8 jours.
Aeolus, dont la mission doit durer trois ans, fait partie du programme Copernicus de l’Union européenne pour la surveillance de l’environnement. Initié en 1998, il comprend sept satellites d'observation permettant de surveiller plusieurs données comme la déforestation ou le niveau des océans.