Six heures entre l'alunissage et son 1er pas : pourquoi Armstrong a-t-il attendu si longtemps dans le vaisseau ?

Publié le 18 juillet 2019 à 15h08, mis à jour le 21 juillet 2019 à 12h00

Source : Sujet TF1 Info

SOUS LE SIGNE DE DIEU - Après un voyage de 102 heures et 46 minutes, Neil Armstrong et Buzz Aldrin arrivent sur la Lune le 20 juillet 1969 à 20h17, temps universel. Mais une séquence de plusieurs heures les attend avant d'ouvrir l'écoutille pour accéder à l'échelle du module lunaire. Un temps notamment utilisé par Buzz Aldrin pour effectuer la première communion lunaire.

Ce fut sans doute les minutes les plus longues de leur vie. Le 20 juillet 1969, à 20h17 (temps universel), à l’issue d’un alunissage pour le moins épique, ponctué par une série d’incidents techniques, Eagle ("Aigle", le surnom du module lunaire d'Apollo XI) se pose dans la mer de la Tranquillité, à 7 km du lieu prévu à l'origine. "Houston, ici la base de la Tranquillité. L'Aigle a aluni…". Les deux hommes de la mission historique, le commandant Armstrong et son co-pilote Aldrin, se félicitent d'une poignée de main et d'une tape dans le dos.

A 400.000 kilomètres de là, au Centre de contrôle de la mission basé à Houston, le capcom (capsule Communicator, autrement dit le contrôleur de vol) Charlie Duke s'exclame : "Reçu, Tranquillité. Nous comprenons que vous êtes au sol. Vous aviez un paquet de types en train de devenir bleus. On respire à nouveau, merci !". Les deux astronautes, cloîtrés dans leur vaisseau, vont devoir prendre leur mal en patience, alors qu'une interminable séquence les attend.

Neil Armstrong ne posera en effet le pied sur la Lune que six heures plus tard, à 2h56 (temps universel) précisément, le 21 juillet 1969. Pourquoi un tel délai ? De fait, rien ne garantissait qu’au retour de leur balade lunaire, les systèmes nécessaires au maintien de la vie des astronautes et ceux pour communiquer avec la Terre continueraient de fonctionner comme prévu. Il était donc indispensable d'effectuer des tests pour s'assurer qu'ils seraient opérationnels lors du redécollage.

Dans le dossier de presse, remis par la Nasa aux rédactions du monde entier avant la mission, l’agence spatiale américaine prévoyait une séquence de dix heures comprenant une "check-list", mais également un temps repos et un repas, avant la pose des combinaisons spatiales et la dépressurisation du véhicule spatial.

Aldrin et la première communion lunaire

Pour l’anecdote, Buzz Aldrin, fervent chrétien, a profité de cette pause pour demander à son commandant un moment de silence afin d'effectuer la première communion lunaire, comme le confie l'intéressé dans sa biographie "Magnificent Desolation" (en français, "Désolation magnifique") parue en 2009. "Pendant ces premières heures sur la Lune, juste avant les périodes prévues de repos et de repas, je suis allé prendre dans mon kit personnel les éléments de la communion et une petite carte sur laquelle j’avais écrit les paroles de Jésus (…) Je me suis versé un dé à coudre de vin d’un sac en plastique scellé dans un petit calice, et j’ai attendu que le vin se stabilise puisqu’il tourbillonnait à cause de la gravité." Aldrin a ensuite avalé une hostie qui lui avait été fournie par son pasteur presbytérien. 

Le calice utilisé par Buzz Aldrin lors de sa "communion lunaire".
Le calice utilisé par Buzz Aldrin lors de sa "communion lunaire". - David Frohman, President of Peachstate Historical Consulting, Inc.

Credit : David Frohman, President of Peachstate Historical Consulting, Inc.

Passé sous silence

Cette partie de l’histoire avait été passée sous silence à l’époque car l'agence spatiale américaine était prudente depuis Apollo VIII. Au cours de cette mission, les astronautes avaient lu la Genèse pour conclure une retransmission télévisée alors qu’ils tournaient autour de la Lune, la veille de Noël. Mais la militante athée américaine Madalyn Murray O’Hair, estimant que la Nasa avait enfreint le premier amendement de la Constitution, avait saisi la Cour suprême et la procédure était toujours en cours lors d’Apollo XI.

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Finalement, au bout de six heures, Armstrong estime que tout est prêt. Après un ultime test radio, la dépressurisation est lancée, l'air de la cabine s'échappant alors comme prévu dans le vide lunaire. Quinze minutes plus tard, la pression n'est toujours pas tombée à zéro. Mais Houston suggère d'ouvrir tout de même l'écoutille carrée, large de 80 cm, à ras du plancher sous le tableau de bord. La suite, vous la connaissez déjà...


Matthieu DELACHARLERY

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