Ce portrait-robot d'une femme du Néolithique a été dressé grâce à... un "chewing-gum" vieux de 5.700 ans

Publié le 18 décembre 2019 à 12h51
Représentation artistique de Lola.
Représentation artistique de Lola. - Source : TOM BJÖRKLUND / Univesity of Copenhague

PRÉHISTOIRE - L'analyse d'un "chewing-gum" vieux de plus de 5.000 ans a permis de dresser le portrait-robot de l'un de nos ancêtres ayant vécu à l'époque néolithique. Son sexe, mais aussi la couleur de ses yeux et de ses cheveu et même la composition de ses repas !

Les chercheurs l’ont surnommé "Lola". Elle était originaire de Syltholm, sur Lolland, une île danoise de la mer Baltique, avait probablement la peau foncée, les cheveux bruns et les yeux bleus. Grâce à un "chewing-gum" vieux de 5.700 ans, une équipe de paléontologues  est parvenue à retracer le patrimoine génétique de cet ancêtre de l’homme ayant vécu à l’époque néolithique, une période qui s’étale de 6.000 à 2.200 ans avant notre ère.

"Pour la première fois, un génome humain ancien et complet a été récupéré sur autre chose que des os ou des dents, explique Hannes Schroeder, de l'Université de Copenhague et coauteur de l'étude publiée mardi 17 décembre dans la revue Nature. L’ADN de sa mâchouilleuse a été obtenue à partir des traces de dents laissées sur d’anciens chewing-gums découverts  il y quelques années lors de fouilles archéologiques effectuées par le Museum Lolland-Falster de Syltholm.

Le morceau de bouleau découvert à Syltholm, dans le sud du Danemark.
Le morceau de bouleau découvert à Syltholm, dans le sud du Danemark. - THEIS JENSEN

A la préhistoire, cette gomme était couramment mâchée

Décrite comme une "source très précieuse d'ADN ancien", en particulier pour les périodes où les restes humains sont rares, cette gomme à mâcher primitive n'est autre qu'une pâte, noirâtre, obtenue à partir d'écorce de bouleau chauffée, "plus courante qu'on ne le pense, car elle se conserve assez bien". Son atout : avoir, à la préhistoire, été couramment mâchée. En attestent des empreintes de dents souvent retrouvées sur le brai de bouleau. 

Si parfois elle servait de colle (la mâcher permettait de la rendre malléable avant utilisation), la pâte a aussi pu être utilisée pour soulager le mal de dents (elle possède des vertus antiseptiques), servir de brosse à dents, de coupe faim ou simplement donc de chewing-gum. Selon l'étude, la jeune femme était génétiquement plus proche des chasseurs-cueilleurs d'Europe continentale que de ceux de Scandinavie centrale. En revanche, les chercheurs avouent ne pas savoir exactement pourquoi, il y a 5.700 ans, cette femme a malaxé la pâte entre ses dents. 

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Les chercheurs ont également extrait de l'ADN de microbes oraux et de plusieurs agents pathogènes humains. Principalement des espèces sans danger, "mais aussi certaines potentiellement très pathogènes comme le Streptococcus pneumoniae qui est la principale cause de pneumonie. Nous avons également récupéré l'ADN du virus Epstein-Barr responsable de la mononucléose infectieuse", écrivent les scientifiques.

"Cela peut nous aider à comprendre comment les agents pathogènes ont évolué et se sont propagés au fil du temps, et ce qui les rend particulièrement virulents dans un environnement donné", explique Hannes Schroeder. La gomme à mâcher contenait également de l'ADN d'espèces végétales et animales comme celle de la noisette ou du canard. 


La rédaction de TF1info

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