RÉVOLUTION - Miracle, le satellite européen Gaia a permis de cartographier en 3D près de 1,7 milliard d'étoiles de notre galaxie, et pour une grande partie d'entre elles de déterminer leur distance à la Terre. On s'approche doucement mais sûrement d'un feu d'artifices de données.
On n'arrête pas, et on n'arrêtera jamais, le progrès. Le satellite Gaia, lancé fin 2013 par l'Agence spatiale européenne (ESA), pourrait bien révolutionner l'astronomie ainsi que notre compréhension de la Voie lactée. Pour les férus que nous sommes, on frôle l'épiphanie avec la publication récente d'une carte du ciel la plus complète et la plus précise jamais réalisée à ce jour.
Qu'y voit-on au juste ? Près de 1,7 milliard d'étoiles de notre galaxie. Qu'y apprend-on ? La distance d'une grande partie d'entre elles par rapport à la Terre, les positions ainsi que la brillance. Ainsi, on peut connaître leur âge, leur évolution et consorts.
De l'archéo-astronomie ultra-poussée
Alors, la question que tout le monde se pose est la suivante : comment procède ledit satellite pour obtenir des données aussi précises et totalement inédites ? C'est simple (du moins, dit comme ça). Gaia, positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre, sur une orbite appelée Lissajous, autour du point de Lagrange 2, observe 50 millions d'astres et exécute 500 millions de mesures par jour. Il scrute ainsi les sources lumineuses de notre galaxie et établit un catalogue en couleur, dynamique et tridimensionnel, des étoiles de la Voie lactée et de son proche voisinage.
Les informations sont ensuite transmises sur Terre et traitées par un consortium réunissant 450 scientifiques de 20 pays, dont la France, qui joue un rôle prépondérant dans cette mission.
De la précision dans les positions de 1,7 milliard d'étoiles
Pour donner la mesure de la récente avancée spectaculaire, le satellite avait déjà permis d'établir un premier catalogue de mesures en septembre 2016. Celui-ci donnait la position de 1,1 milliard d'étoiles de la Voie lactée, mais le satellite n'avait déterminé la distance que pour deux millions d'étoiles et de façon imprécise. Le catalogue qu'il revêt possède désormais des informations cruciales, notamment 7,2 millions de vitesses radiales permettant de savoir si l'étoile se rapproche ou s'éloigne de nous.
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Des données en accès libre
Parmi les dernières découvertes, Gaia a également recensé 14.000 astéroïdes et calculé leur orbite. Voyant bien au-delà de notre galaxie, le satellite a repéré 500.000 quasars, ces astres extrêmement lumineux et lointains qui émettent une énergie colossale. Et à l'avenir, que pourrait détecter et étudier Gaia ? Des astres encore inaccessibles, comme les naines brunes et les planètes flottantes entre les étoiles.
La mission, qui devait au départ durer cinq ans, a été prolongée d'un an et demi par l'ESA. Le satellite dispose des financements nécessaires pour pouvoir travailler jusqu'en 2020 et il s'agit d'une formidable nouvelle. Pour l'heure, les données récoltées pendant 22 mois entre juillet 2014 et mai 2016, ont récemment été mises en ligne et tout le monde peut désormais avoir accès à ce catalogue sur internet. Alors profitez-en. Plongez dedans, c'est vertigineux.