Le siège de SOS Méditerranée envahi par Génération identitaire : 22 militants mis en examen

Publié le 8 octobre 2018 à 8h34
Le siège de SOS Méditerranée envahi par Génération identitaire : 22 militants mis en examen
Source : Facebook Droite Action

MARSEILLE - Le siège de l'association de sauvetage de migrants SOS Méditerranée a été brièvement occupé vendredi par une vingtaine de militants du groupuscule d'extrême droite Génération Identitaire. Les envahisseurs ont été interpellés dans la foulée et mis en examen, dans la soirée du 7 octobre.

"Le siège de SOS Méditerranée à Marseille a été attaqué ce vendredi par une dizaine de militants identitaires. La police est sur place et procède à des arrestations", a indiqué l'association de sauvetage de migrants sur son compte Twitter dans l'après-midi. "Le personnel de SOS Méditerranée est sain et sauf, mais sous le choc" a continué l'ONG, connue pour affréter l'Aquarius, le bateau qui secourt des naufragés dans la Méditerranée avec Médecins sans frontières.

Dans le même temps, sur ses réseaux sociaux, Génération Identitaire rendait compte de son action au sein des locaux de l'association. Le groupuscule indiquait occuper les lieux depuis 14h et avoir déployé une grande banderole "SOS Méditerranée complice du trafic d'êtres humains". "Notre action vise à dénoncer la complicité de cette ONG, qui sous couvert 'd'humanitaire', collabore avec les passeurs de clandestins", expliquait Génération Identitaire. Une accusation régulièrement opposée à l'ONG par les tenants d'une politique répressive en matière migratoire.

Sur son compte Twitter personnel, le porte-parole du groupuscule d'extrême-droite Romain Espino se défendait de toute violence envers les membres de SOS Méditerranée. Dans un tweet répondant à celui de l'ONG, il écrivait : "Nous avons occupé vos locaux pour dénoncer votre complicité avec les mafias de passeurs. Que vous n'appréciez (sic) pas qu'on expose vos liens objectifs avec le crime organisé peut se comprendre. En revanche, stop les #FakesNews, notre action s'est déroulée de manière pacifique". L'association de secours aux migrants n'a jamais parlé de violence mais a seulement indiqué que ses équipes étaient "sous le choc". 

Les identitaires évacués rapidement

Un porte-parole de la direction départementale de la sécurité publique a expliqué à l'AFP que les individus avaient "mis dehors tout le personnel qui était présent" avant de déployer leur banderole. Cette même source a indiqué que personne n'avait été blessé et que les militants avaient été interpellés sans incident très rapidement après le début de leur action. 

L'association a porté plainte et a décrit une "attaque violente", rapportant que des militants avaient "molesté" certains membres du personnel et "empêché plusieurs autres par la force" de quitter les lieux avant l'arrivée de la police. Au terme des examens médicaux, aucun jour d'interruption de travail n'a été prescrit aux salariés de SOS Méditerranée qui étaient présents au siège de l'association lors de l'irruption des militants identitaires, au terme des examens médicaux, a indiqué samedi 6 octobre le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux à l'AFP.

Prolongées samedi 6 octobre, les gardes à vue de vingt-deux militants ont abouti à leur mise en examen pour des faits de "violences en réunion", "séquestration", "participation à un groupement en vue de commettre des violences" et "enregistrement et diffusion d'images violentes". Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec "interdiction de paraître à Marseille" et "interdiction d'entrer en relation avec un membre de SOS Méditerranée".

Hamon et Brossat condamnent

Plusieurs personnalités politiques de gauche avaient condamné cette invasion. "Un nouveau pas a été franchi dans la violence de l'extrême droite" a réagi Benoît Hamon sur Twitter. "Qui ne voit pas que chaque fois que la France tourne le dos à ses valeurs et ferme les portes à l'Aquarius, elle renforce ses milices ! Aujourd'hui les réfugiés, demain tous les étrangers puis les minorités, puis..." a continué l'ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017. Ian Brossat, adjoint au Logement à la mairie de Paris et chef de file du PCF aux prochaines élections européennes a lui affiché sa "pleine solidarité aux équipes de l'ONG". "Honte aux haineux de Génération Identitaire. (...) Quand le gouvernement prendra-t-il enfin ses responsabilités en décidant la dissolution de ce groupuscule d'ultra droite ?" a-t-il interrogé. Le député LFI Ugo Bernalicis a demandé la même chose au Premier ministre Edouard Philippe.


La rédaction de TF1info

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