Coronavirus : les préfets chargés de recenser les lieux pouvant servir de morgue

Publié le 30 mars 2020 à 17h07

Source : JT 13h Semaine

CORONAVIRUS - Le pic de l'épidémie du Covid-19 est attendu pour cette fin de semaine en France. Redoutant un nombre important de décès, le ministère de l'Intérieur a demandé aux préfets de dresser une liste des divers endroits qui pourraient permettre d'entreposer les corps.

En cette première semaine d'avril, la France s'apprête à affronter son pic d'épidémie de coronavirus. Le Covid-19 avait déjà fait dimanche 30.451 morts dans le monde, dont 2.606 en France. Mais selon les spécialistes, le pire est à venir dans l'Hexagone, où l'on comptait 40.174 cas confirmés dimanche. 

"Le nombre de personnes testées positives augmente chaque jour, ce n'est un secret pour personne. Tant que la vague ne sera pas passée, nous devons nous préparer à enterrer ou incinérer nos morts. Malheureusement, on le sait, il y en aura cette semaine un peu plus encore", déplore un médecin généraliste sous couvert d'anonymat. 

Pour faire face à cette hausse de décès sans précédent et prévenir le risque de saturation des morgues, le ministère de l'Intérieur a demandé aux préfectures de chaque département de recenser les lieux qui pourraient permettre d'entreposer les corps. "Depuis une semaine, le sujet est évoqué à toutes les réunions interministérielles, indique à LCI Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'intérieur, confirmant ses déclarations faites auprès de nos confrères du Monde. Si le pic est atteint comme prévu dans les prochains jours, et que les décès sont à la hausse, il est certain que les morgues, dans certains départements en tout cas, ne suffiront malheureusement pas. Nous avons déjà eu des retours de certaines préfectures, et le recensement se poursuit". 

Instituts médico-légaux, camions frigorifiques, églises...

Ce recensement extraordinaire se fait dans le cadre du plan ORSEC, Organisation de la Réponse de Sécurité Civile. Ce dispositif est "un programme d'organisation des secours à l'échelon départemental, en cas de catastrophe. Il permet une mise en œuvre rapide et efficace de tous les moyens nécessaires sous l'autorité du préfet", détaille le site du gouvernement. Il permet notamment une "gestion des décès massifs", volet qui a été intégré au plan après la canicule de 2003. 

"Ainsi, tous les lieux réfrigérés sont envisagés. Instituts médicaux-légaux, chambres funéraires et mortuaires bien sûr, mais aussi les grandes salles qui pourraient être mises à des températures adéquates", poursuit Camille Chaize. Les camions frigorifiques sont-ils également envisagés? "Bien sûr, répond-on au ministère. Toutes les options qui pourraient convenir sont prises en compte. Il faut juste que la température n'excède pas un certain nombre de degrés (5°, ndlr)". En 2003, après la canicule, un hangar de Rungis de plusieurs milliers de m2 avait été réquisitionné. Dix-sept ans plus tard, les excavations naturelles comme les grottes, cavernes ou galeries souterraines seraient également des options possibles en cas de saturation selon le quotidien du soir...  

"Le pays se prépare à faire face à une surmortalité"

"De nombreux établissements ont déjà pris leurs dispositions, indiquent des sources syndicales au Monde. Des containers frigorifiques ont fait leur apparition devant les hôpitaux de Créteil, et de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, pour permettre à la fois d'entreposer les personnes décédées du Covid-19 à l'écart des autres cadavres et de faire face à l'éventuelle saturation de morgues dans les bâtiments. C'est aussi le cas  Gonesse et Argenteuil dans le Val d'Oise et à Corbeil-Essonne dans l'Essonne". 

Outre les lieux qui pourront accueillir les défunts, il faudra également prendre en compte tout le reste. "Housses mortuaires, cercueils, tout devra être coordonné dans des délais très courts", rappelle la porte-parole du ministère.  Et de conclure : "Nous ne sommes pas encore dans des situations comme celles que nous avons pu voir ces derniers jours en Italie, mais de toute évidence, le pays se prépare à faire face à une surmortalité". 


Aurélie SARROT

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