Sapins de Noël, foie gras, chapons, huîtres : la grande peur de réveillons au rabais

par Cédric INGRAND
Publié le 6 novembre 2020 à 17h06, mis à jour le 10 novembre 2020 à 10h16

Source : JT 20h Semaine

BONNE FRANQUETTE - Si la durée du confinement reste un point d'interrogation, son impact sur nos festins de fin d'année inquiète sérieusement les professionnels, surtout ceux qui misent toute leur année sur nos repas de fête.

Ce n'est pas encore "Adieu, veau, vache, cochon, couvée...", mais ça commence à y ressembler. À mesure qu'approche le mois de décembre, et alors que les chiffres de l'épidémie de Covid-19 n'ont pas encore marqué le pas, tous nos projets pour les vacances de Noël sont à prendre au conditionnel.

Si ceux qui avaient des projets de voyages lointains les ont depuis longtemps été annulés, reste les deux rendez-vous traditionnels, icôniques, non négociables, que sont les repas de veille de Noël et du jour de l'An. Des rendez-vous pour les familles, mais aussi pour des pans entiers  de l'industrie des métiers de bouche, volailler, écailler, fabricant de foie gras, toutes ces choses que l'on consomme principalement durant la dernière quinzaine de l'année. 

Un chapon pour quatre ?

Principale crainte des professionnels : le spectre de réveillons confinés, limités au strict cercle familial. Des repas à quatre plutôt qu’à huit, à douze, ou plus, comme des versions miniatures de nos grandes tablées habituelles, qui auraient un impact très direct sur les ventes, déjà largement mises à mal par la fermeture des restaurants.

Un réveillon revu à la baisse, c’est tout à coup des produits qui ne trouveront pas preneurs. La dinde était déjà en perte de vitesse depuis le début des années 2000, mais comment imaginer s’attaquer à un chapon de trois kilos en moyenne à quatre convives seulement ? Idem pour la bourriche d’huîtres, le magnum de Champagne, autant de marqueurs des repas de fin d’année qui pourraient souffrir.

"Nous craignons très fortement que nos volailles festives ne se vendent pas”, déplore Dominique Grasset, qui élève 2500 chapons bio dans le Maine-et-Loire. “Si Noël n'est pas une fête, ça va être compliqué pour nous", résume-t-il. Chez les éleveurs de canards et d’oies, l’inquiétude sur les ventes de fin d’année est conjuguée à une alerte sanitaire sur la grippe aviaire, qui concerne 46 départements à ce jour. 

Pas d’alerte sanitaire chez les conchyliculteurs, mais une vraie angoisse sur les ventes d’huîtres pour cette fin d’année, la période représentant 60 à 70% des ventes annuelles.

71% des Français prêts à un Noël confinéSource : TF1 Info

Depuis quelques semaines, l’industrie fourbit ses alternatives, pour le foie gras par exemple. "Nous avons adapté les conditionnements, avec des mini-formats pour des mini-tablées et des mini-budgets", explique Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog, qui rassemble les professionnels du foie gras, magret et confits. 

Parmi les autres pistes envisagées, des campagnes de communication pour appeler au “patriotisme gastronomique”, pour préserver les élevages du marasme. Une communication qui viserait tant le grand public que les professionnels, ceux des cantines scolaires ou d’entreprise. Au moins celles qui sont encore ouvertes.

À la trappe, la bière de Noël ?

Côté boissons aussi, les inquiétudes sont vives. Alors que la bière a déjà pris de plein fouet les fermetures successives des cafés, hôtels, restaurants, sans parler de la mise à l'arrêt totale de l'événementiel, le secteur craint désormais de voir passer à la trappe les bières de Noël, qui représentent pour certains brasseurs 30% de leur chiffre d'affaires annuel avec les marchés de Noël, dont beaucoup sont déjà annulés. “Le pire, c'est de n'avoir aucune perspective, on ne sait pas ce qu'il faut faire et ce qu'il faut décider", déclare Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France, qui a demandé au gouvernement une réunion de crise.

Sur ce marché de Noël virtuel, il ne manque que l'odeur du vin chaudSource : JT 13h Semaine

Enfin, et le symbole est fort, faudra-t-il imaginer pour certains un Noël sans sapin ? Les producteurs français s’interrogent aujourd’hui sur leur capacité à livrer les points de vente de leurs sapins naturels. Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Agriculture a promis être “mobilisé sur cette question.” 

Pour tous les professionnels, les semaines à venir seront capitales, meme si certains refusent d’imaginer le pire. “Je ne vois pas les gens ne pas feter Noël”, plaide Fredéric Vidal, producteur de caviar en Dordogne. “Ce sera peut-être de plus petits conditionnements, mais (...) les gens ne vont pas déprimer chez eux, ça parait complètement surréaliste.” 


Cédric INGRAND

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