Les soignants de la maternité de Lariboisière à Paris "au bord du craquage complet"

par Amandine REBOURG Amandine Rebourg
Publié le 26 septembre 2019 à 11h20, mis à jour le 26 septembre 2019 à 11h33
Les soignants de la maternité de Lariboisière à Paris "au bord du craquage complet"
Source : THOMAS SAMSON / AFP

URGENCES - Des soignants de la maternité de l'hôpital Lariboisière à Paris dénoncent leurs conditions de travail dans une lettre publiée sur le site du collectif Inter Urgences. Ils se disent "à bout de souffle" et "au bord du craquage complet".

Cette lettre est "un cri, un SOS". Une quarantaine de soignants de la maternité de l'hôpital Lariboisière à Paris lancent un "appel à l'aide", dans une lettre co-signée et relayée par le site Internet du collectif Inter Urgences. Dans cette missive, les paramédicaux de la maternité dénoncent leurs conditions de travail et l'impact de celles-ci sur leur état physique et psychique. 

"Nous sommes fatigués, nous sommes usés, nous revenons sur nos jours de repos, nous faisons des heures supplémentaires qui ne seront jamais redonnés, arrêts de travail au quart de tour", disent-ils. Les soignants estiment que le service est "à bout de souffle, n'a plus d'énergie" et estiment qu'il sont "au bord d'un craquage complet de l'ensemble des équipes". L'année dernière "déjà", les soignants avaient tiré "la sonnette d'alarme", soutenus par leur chef de service, qui avait menacé "d'arrêter toutes nouvelles inscriptions à la maternité", expliquent-ils dans leur texte. 

Si les conditions restent telles quelles une catastrophe va arriver comme il a pu se passer aux urgences générales
Des soignants de la maternité de Lariboisière à Paris

Ils expliquent qu'ils avaient averti de la situation de ce service l'année dernière et qu'à la suite d'un audit, "16 postes d’infirmières et  2 postes d’infirmières puéricultrice", ont été supprimés. Dans le même temps, l'affluence dans le service n'a pas baissé, disent-ils. 

Ils décrivent des locaux "vétustes avec des prises électriques non protégées, des moisissures aux plafonds, des canalisations qui se bouchent régulièrement, des matelas de lit lacérés, des fauteuils peu présents également lacérés, du matériel de soins qui tombe régulièrement en panne et qui n’est remplacé que 3 semaines plus tard" et estiment que la sécurité des patientes et des bébés n'est plus assurée. 

Ils expliquent par ailleurs que les patientes sont majoritairement des femmes en situation de grande précarité avec "un parcours migratoire terrifiant" et expriment leur "honte" d'avoir parfois à faire sortir de leur chambre de jeunes mères sans abri pour les installer "par terre" avec leur nourrisson dans une petite pièce dédiée, faute de place d'hébergement. Selon eux, "si les conditions restent telles quelles une catastrophe va arriver comme il a pu se passer aux urgences générales". 

La crainte d'une catastrophe

En décembre dernier, une patiente de 55 ans avait été retrouvée morte, presque douze heures après avoir été admise aux urgences de cet hôpital situé dans le 10e arrondissement de Paris. Installée sur un brancard, la patiente avait été vue par une infirmière, à 19H00 puis avant 21H00. Ensuite, aucune réévaluation de son état n'est effectuée jusqu'à minuit, heure à laquelle elle avait été appelée pour la première fois, plus de cinq heures après son inscription, afin d'être examinée. Le rapport d'autopsie avait conclu que la patiente avait succombé à un œdème pulmonaire. 

Une enquête interne avait révélé que la dame était décédée après une "série de dysfonctionnements" dans un service qui cumule les difficultés, selon l'enquête interne rendue publique. Les équipes soignantes étaient au complet ce soir-là mais l'absence d'un médecin en journée a entraîné "une surcharge sur l'activité de garde". Ce drame avait profondément secoué les équipes du service d'urgences de cet hôpital.

Le projet de restructuration ne convainc pas

Dans un communiqué en réponse à cette lettre, l'APHP explique de son côté que Lariboisière assure "la mise à l'abri temporaire pour la nuit" de femmes sortant de maternité "sans solution d'hébergement", assurant chercher "des solutions individualisées et adaptées à chacune". 

L'institution révèle également qu'un "travail de diagnostic a été lancé fin 2018" et que la majorité des équipes se trouvent dans l'attente d'une mise en oeuvre rapide "des solutions concrètes". Reste que ce projet ne pourra être déployé qu'après la présentation le 3 octobre d'une expertise demandée par le CHSCT. Et qu'il ne convainc pas les équipes. 

"A la veille de la mise en place de cette nouvelle organisation de service, nous ne sommes pas en mesure de planifier quoique ce soit. Aucune clarté sur les nouvelles missions, les nouveaux horaires. La direction de l’hôpital nous a indiqué lors d’une réunion qu’à partir de novembre nous travaillerons en 12h avec la même densité de travail et moins de personnel", expliquent les soignants. 


Amandine REBOURG Amandine Rebourg

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