Le plan social massif d’Airbus en cinq questions

Publié le 1 juillet 2020 à 14h09, mis à jour le 1 juillet 2020 à 15h24

Source : JT 13h Semaine

PLAN SOCIAL – Son activité ayant fortement pâti de la crise, l’entreprise Airbus prévoit de supprimer 15 000 emplois, dont 5 000 en France. Cinq questions sur un plan de restructuration d’une ampleur jamais vue dans l’histoire du groupe.

Après la crise sanitaire, la crise sociale qui débute est sans précédent, touche tous les secteurs économiques et en particulier celui de l'aviation. Le groupe Airbus est "confronté à la crise la plus grave" de son histoire, selon les mots de son président exécutif, en devant faire face à la chute de son activité depuis le mois de mars. En conséquence, le groupe se dirige vers un plan social massif.

Combien d’emplois sont concernés ?

Airbus a annoncé mardi 30 juin la suppression d’environ 15 000 postes, représentant 11 % des effectifs du groupe. Dans le détail, cela représente 5 000 pertes d'emplois en France, 5.100 en Allemagne, 1.700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1.300 répartis dans les autres sites à travers le monde. Airbus n’a pas exclu de procéder à des licenciements secs, sans préciser à quelle échelle, mais mise dans un premier temps sur les départs volontaires et ceux en retraite anticipée. "Nous devons faire face à la réalité que 40 % de notre activité dans le secteur des avions commerciaux a disparu et qu’il faudra très probablement beaucoup de temps pour remonter, nous devons donc prendre des mesures décisives maintenant", a indiqué le président exécutif du groupe Guillaume Faury, qui a résumé la situation ainsi : "On est en mode survie tous ensemble".

Le groupe doit présenter et détailler son plan aux différents syndicats à partir de mercredi 1er juillet puis sur chacun des sites dès le lendemain. Un comité de groupe doit avoir lieu jeudi à Blagnac, près de Toulouse où se situe le siège, pour faire le point sur le plan social en France, d’après plusieurs organisations.

Quels secteurs seront touchés ?

Les suppressions de postes concernent la branche aviation commerciale d’Airbus et les filiales françaises Stelia Aerospace et allemandes Premium Aerotec. S’agissant de la France, 3.488 emplois doivent être supprimés dans la branche aviation ainsi que 1.464 chez Stelia Aerospace, selon le syndicat CFE-CGC. 

Qu’en dit Bercy ?

Le ministère de l’Economie a rapidement réagi à ce plan social annoncé en jugeant "excessif" le nombre d’emplois concernés en France. "Nous attendons d’Airbus qu’il utilise pleinement les instruments mis en place par le gouvernement pour réduire le nombre de suppressions d’emplois", a indiqué Bercy à l’AFP. Début juin, le gouvernement a injecté 15 milliards d’euros dans le secteur de l’aéronautique en réponse à la crise, une enveloppe dont va bénéficier Airbus, selon le délégué FO Jean-François Knepper. L’exécutif a également confié au Corac, le Conseil pour la recherche aéronautique civile, un budget de 1,5 milliard d’euros pour développer la recherche et notamment "parvenir à un avion neutre en carbone en 2035". Bercy voit par ailleurs dans la mission confiée au Corac la possibilité de "réduire" le nombre de postes impactés par le plan social concernant les ingénieurs.

Et les syndicats ?

Les forces syndicales se sont opposées à tout "licenciement contraint". Comme la CFE-CGC, deuxième syndicat d'Airbus, qui a déclaré dans un communiqué qu'"aucun départ contraint de salariés du groupe ne pourra être envisagé". Après avoir pris connaissance du plan de restructuration présenté mardi 30 juin en comité européen, Dominique Delbouis, coordinateur FO du groupe, a déclaré que "la ligne rouge est de diminuer ce chiffre qui nous paraît excessif et de mettre en place toutes les mesures possibles pour ne pas avoir à déplorer le moindre licenciement contraint". Jean-François Knepper a quant à lui appelé Airbus à faire preuve de "responsabilité sociale" et a exclu d’appeler à la grève pour l’instant. "On veut les emmener à la table des négociations pour trouver des solutions sur l’emploi, sur les départs anticipés, sur le chômage partiel de longue durée", a poursuivi le syndicaliste.

Y a-t-il un précédent ?

Il n’y a jamais eu de plan de restructuration de cette envergure, a reconnu Guillaume Faury qui l’a qualifiée de "plus grosse réduction d’effectifs à laquelle Airbus a jamais procédé". 


La rédaction de TF1info

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