Fermeture de Bridgestone à Béthune : la faute aux pneus chinois, vraiment ?

Publié le 21 septembre 2020 à 23h38, mis à jour le 22 septembre 2020 à 12h26

Source : JT 20h Semaine

ENQUETE - De 4% il y a 20 ans, les pneus venant de Chine représentent aujourd'hui 23% du marché européen. De quoi expliquer la fermeture de Bridgestone à Béthune ? Eléments de réponse.

Il s’en vend chaque année 25 millions en France, plus de 300 millions eu Europe. Mais d’où viennent les pneus que nous achetons ? "Aujourd’hui, ce qui marche le mieux, c’est la marque Michelin, fabriquée en France. C’est le pneu premium que nous vendons le plus", explique Maxime Rouzé, gérant d'un garage à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Des pneus haut de gamme qui, comme chez ce garagiste, représentent les trois quarts du total vendu dans l'Hexagone. 

Mais alors, comment expliquer que Bridgestone, qui fabrique du haut de gamme, justifie la fermeture de son usine de Béthune (Pas-de-Calais) par la concurrence trop forte des Chinois, plutôt d'entrée de gamme ? Les pneus asiatiques se vendent-ils vraiment de plus en plus ? 

Les pneus chinois quatre fois moins chers

De 4% il y a 20 ans, les pneus venant de Chine représentent aujourd'hui 23% du marché européen. Et une chose est sûre, la concurrence est rude sur certains fronts. Le prix par exemple. Quand un pneu produit en France coûte 90 euros, le pneu "Made in China" écrase toute concurrence avec ses 23 euros en moyenne ! 

C’est sur internet que s'effectue la majorité des ventes, indique Cédric Loubère, directeur marketing d'un site spécialisé. "Pour nous, les pneus low-cost représentent une part de marché de 20%. Mais, depuis deux ou trois ans, nous assistons à une baisse constante", relève-t-il. Malgré l’argument du prix, les avis des clients sont en effet souvent négatifs pour ce qui est de la sécurité, la distance de freinage pouvant parfois être deux fois plus longue. 

Pour éviter leur profusion, faut-il dès lors taxer davantage ces produits de moins bonne qualité ? C'est ce que propose notamment Marine Le Pen qui réclame que "les pneus chinois par exemple soient taxés à 300%, ce qui évitera que nos usines de pneumatiques ferment". 

"Et pourquoi pas 1000% ?", reprend, ironiquement, Éric Champarnaud, expert automobile. "Surtaxer le pneu chinois, c’est s’exposer à des représailles et à rendre la possibilité d’accès au marché chinois encore plus compliquée pour les industriels français." Pour ce spécialiste, il faudrait plutôt communiquer sur le faible intérêt de ces produits importés.  De fait, s’ils sont moins chers au départ, les pneus chinois font davantage consommer en carburant et doivent être changés plus souvent. Ce qui, sur le long terme, est loin d'être une garantie d'économies.


La rédaction de TF1info

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