Gilets jaunes : ce que l'on sait du boxeur qui a agressé deux gendarmes à Paris

Publié le 7 janvier 2019 à 12h20, mis à jour le 7 janvier 2019 à 13h47
Gilets jaunes : ce que l'on sait du boxeur qui a agressé deux gendarmes à Paris

PROFIL - Le 5 janvier, la vidéo d'un homme, attaquant à coups de poings les gendarmes mobiles présents sur la passerelle Léopold Sédar Senghor à Paris, a suscité de nombreuses réactions en marge du "8e acte" de la mobilisation des Gilets jaunes. Ce lundi, il s'est présenté aux enquêteurs puis placé en garde à vue.

Seul, habillé de noir, un homme attaque de front plusieurs gendarmes, montrant une nette aisance pour la boxe anglaise, valant à l'un d'entre eux deux jours d'incapacité totale de travail. Dans une autre séquence, il est vu en train de s'en prendre à un autre membre des forces de l'ordre, à terre, à coups de pied. Des violences qui lui vaudront 15 jours d'ITT. 

Très rapidement, l'auteur de ces agressions, qui agissait à visage découvert, est identifié par les enquêteurs et sa photo fuite, par le biais du compte Twitter du Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN). Le tout assorti du commentaire suivant : "Monsieur, vous qui avez frappé un collègue à terre, vous êtes identifié. Pour un boxeur, vous ne respectez apparemment pas beaucoup de règles. Nous allons vous apprendre celles du code pénal".

Sans attendre l'identification officielle du suspect, le compte Twitter du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner repartage le message, ajoutant que la Préfecture de police avait saisi le procureur de la République de Paris concernant cette affaire. Il a ensuite ajouté : "Pleine confiance en notre justice devant laquelle il devra rendre compte de cette attaque aussi lâche qu'intolérable. Gratitude à ces gendarmes mobiles pour leur sang-froid exemplaire."

Le boxeur n'a toujours pas été interpellé

Le nom de l'agresseur présumé de la passerelle n’a pas été officiellement révélé par les autorités. Mais les internautes ont facilement trouvé son identité. Et pour cause, sur la photo partagée par le ministre de l'Intérieur, son prénom est brodé sur le short. "Christophe", surnommé "le Gitan de Massy", compte à son palmarès plusieurs titres de champion de France de boxe dans les années 2000. Le dernier combat de ce lourd-léger de 1.92 m remonte au 6 décembre 2013 et il affiche un palmarès de 18 victoires (7 par KO), 4 défaites et un nul. Désormais âgé de 37 ans et père de trois enfants, il a mis un terme à sa carrière sportive et n'est plus licencié depuis 2013, a fait savoir la ministre des Sports Roxana Maracineanu dans un communiqué. 

Dénonçant l'usage de la violence physique, des personnes ont lancé une pétition sur le site de Change.org pour demander à la Fédération française de boxe de déchoir le boxeur de son titre de champion de France. La FFB a par la suite déclaré avoir "pris connaissance du comportement inacceptable et honteux d'une personne identifiée comme ancien boxeur professionnel". La fédération, ainsi que la Ligue nationale professionnelle de boxe ont également annoncé qu'elles allaient prendre "toutes les mesures en leur pouvoir afin de défendre leur image", souligne le communiqué. 

Ancien président du département de l'Essonne - le département où se situe le club de Massy où s'est entraîné l'ancien professionnel -, Jérôme Guedj a lui aussi reconnu et condamné celui qui s'est illustré sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor : "J’avais estime et respect pour le boxeur qui faisait honneur à son club et à sa ville, que j’ai vu souvent combattre, comme sur cette photo perso, et à qui j’ai remis des titres.  Je n’en ai pas pour celui qui boxe un gendarme. Au contraire. Nulle colère ne justifie cette violence", a-t-il ainsi tweeté. 

Un bon garçon
Son ancien entraîneur

Son ancien entraîneur, Jacky Trompesauce, s'est aussi confié. Dans les colonnes du Parisien ce dimanche 6 janvier, il se dit “chagriné par ce qu’on va dire sur lui, car je sais que c’est un bon garçon". A l'Equipe, il explique avoir essayé de l'avoir au téléphone, mais sans réponse. "Christophe est hyper gentil. Alors, quand je vois les vidéos, je me dis qu'il a vu des gens en difficulté, notamment des femmes, se faire gazer. Il ne l'a pas supporté. (...) Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. C'est pourquoi je lui conseille d'aller voir la police, qu'il aille s'expliquer." C'est la même sidération qui s'est emparé de Guillaume Frénois. Boxeur lui aussi, il connaît particulièrement bien l'homme qui a enchaîné les directs du droit face au gendarme mobile puisqu'il s'agit d'"un copain de l'équipe de France" avec qui il a partagé sa chambre pendant un an à l’Insep, comme le rapporte L'Aisne Nouvelle

Sur les réseaux sociaux, essentiellement sur Facebook, canal d'information et de communication privilégié des Gilets jaunes, nombreux sont ceux à considérer "leur" boxeur comme un "héros", certains le voyant en "protecteur". Sur les comptes dédiés au mouvement, les messages de soutien se multiplient et défendent l'acte de cet homme à l'encontre des gendarmes. Et lorsque la fausse information de son arrestation a circulé sur Internet, des Gilets jaunes évoquaient déjà l'idée d'ouvrir une cagnotte pour le sortir de ses déboires judiciaires.

Ce lundi, il s’est présenté aux enquêteurs de la sûreté territoriale de Paris. "Il a été immédiatement placé en garde à vue et devra répondre de ses actes devant la Justice", a tweeté Christophe Castaner le ministre de l'Intérieur à la mi-journée.


La rédaction de TF1info

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