Gilets jaunes "libres" contre "officiels" : les divisions du mouvement se creusent

David Douïeb
Publié le 3 décembre 2018 à 6h10

Source : JT 20h WE

DISSENSIONS – Dimanche, les "Gilets jaunes libres" ont ouvert la voie à un dialogue avec le gouvernement. Mais pour d’autres figures du mouvement contestataire, ces représentants auto-proclamés ne sont pas légitimes.

Un week-end explosif. Et une masse jaune qui se scinde en deux camps distincts. D’un côté, les "Gilets jaunes libres" incarnés notamment par Jacline Mouraud et Benjamin Cauchy. Ce collectif "modéré" se veut "porte-parole d'une colère constructive" condamnant "toutes les formes de violence". De l’autre côté se dressent Priscillia Ludosky - à l’origine d’une pétition pour une baisse des prix du carburant - et Eric Drouet - instigateur de l’appel du 17 novembre. Lesquels estiment que ces porte-parole auto-proclamés n’ont aucune légitimité à représenter le mouvement. 

Via son groupe Facebook "La France énervée", Eric Drouet déplore ainsi les ambitions politiques des "Gilets jaunes libres". Lesquels "s’appliquent à se l’approprier [le mouvement] en vue de pervertir son image, son message et dans le seul but de défendre leurs intérêts personnels (politique, syndical)". En réaction, il a annoncé dimanche soir la création d’un site Internet, "seule source d'informations relatives au mouvement".  

Plus tôt, il avait critiqué les ambitions politiques de Benjamin Cauchy, autre signataire de la tribune et fondateur du mouvement "Citron".   

Interrogé par l’AFP le 26 novembre dernier, Benjamin Cauchy avait indiqué sa volonté de s’émanciper d’Eric Drouet et de Priscillia Ludosky. "Il y a des millions de gilets jaunes, ces porte-paroles n’ont pas le monopole du mouvement. Je veux être un gilet jaune libre, pacifiste et constructif". Et d'affirmer sa préférence pour des "états généraux de la fiscalité pour rendre l’impôt plus juste et équitable" à une "baisse de toutes les taxes".

Aucune délégation n’a encore le rôle de représenter les gilets jaunes
Eric Drouet

Quoi qu'il en soit, les "Gilets jaunes libres" ont tendu la main au gouvernement dans une tribune publiée dimanche par le JDD. Main attrapée dans la foulée par Edouard Philippe, le Premier ministre annonçant son accord pour les recevoir à Matignon. Contactée par LCI dimanche, Jacline Mouraud l’assure : "Il est obligatoire qu’un dialogue s’instaure. On va se regrouper au niveau des représentants, continuer à travailler avant le rendez- vous, afin de finaliser nos revendications". Citée plus tard par l’AFP, elle indique toutefois que l'annulation de la hausse des taxes sur le carburant est "une condition préalable à toute discussion" avec l’exécutif. 

Quant à Eric Drouet, il avait refusé jeudi dernier de rencontrer le gouvernement, attendant des annonces concrètes pour ouvrir le dialogue. Et d’ajouter : "Aucune délégation n’a encore le rôle de représenter les gilets jaunes. Des représentants vont être mis en place, aucune autre rencontre ne doit se faire sans eux". 


David Douïeb

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