La Corse prête à payer 52.800 euros pour son emoji

Publié le 30 novembre 2018 à 19h46, mis à jour le 30 novembre 2018 à 21h37
La Corse prête à payer 52.800 euros pour son emoji
Source : STEPHAN AGOSTINI / AFP

CORSE - L'Assemblée de Corse a voté ce jeudi soir le projet de création d'un emoji représentant le drapeau de l'île. Un projet estimé à 52.800 euros selon le rapport du conseil exécutif, afin de faire de ce symbole un "bien commun".

Tout est né d'une pétition en ligne. Lancée en avril, elle demande que la Corse soit représentée dans les émojis "au même titre que la Martinique, la Réunion et la Guadeloupe". Une requête signée 4000 fois mais tout de même entendue dans les plus hautes sphères, puisque l'Assemblée de Corse a voté ce jeudi 30 novembre en faveur d'un projet demandant l'arrivée de la tête de Maure dans les smartphones.

Nommé "projet emoji corscia", il coûtera tout de même la modique somme de 52.800 euros. Mais l’Assemblée a expliqué qu’elle comptait le faire financer à moitié par un Fonds européen pour le développement régional (Feder).

"Un bien commun numérique au service de la Corse"

Un souhait jugé donc assez onéreux, voire "indécent" par l'opposition, notamment à cause des différentes campagnes prévues pour assurer son succès. Ainsi, dans le rapport du conseil exécutif Corse, on y apprend que la  rédaction du dossier de candidature et son dépôt au consortium américain Unicode, qui enregistre les emojis, a été estimée à 12.000 euros Hors Taxe (HT). Mais le Conseil compte également, pour voir le drapeau arriver sur les écrans, lancer une "campagne de sensibilisation" auprès du consortium Unicode, pour le prix de 9000 euros. S’ajoutent enfin à ces sommes celles destinées à une "campagne de mobilisation" auprès de la population, notamment en créant un site internet et une page Facebook dédiés (8000 euros HT) ou encore du lobbying auprès des GAFA (5000 euros).

Mais le jeu en vaut la chandelle selon Gilles Simeoni. Le président du conseil exécutif de Corse décrit ainsi un programme qui s’inscrit "dans une volonté politique d'asseoir l’image de la Corse sur le Web mondial". Celui qui est également à la tête du parti autonomiste corse Inseme per a Corsica, explique dans ce rapport vouloir faire rayonner l’Île de Beauté via ce petit pictogramme utilisé dans les discussions en ligne. Car pour lui, cet emoji n'est pas un simple drapeau mais l'un des "symboles du territoire". Il y voit donc un "moyen simple pour permettre aux Corses et à tous les amoureux de la Corse d’y faire référence dans leur communication sur internet." De quoi en faire, "un bien commun numérique". 

Mais ce vœu est jugé excessif par l’opposition corse. Le groupe politique Andà per Dumane, l’équivalent insulaire de La République en Marche, a ainsi critiqué une proposition qui serait "un mauvais signal" à l'heure où la France des Gilets jaunes se mobilise. Sur Twitter, le groupe politique rappelle ainsi qu’il s’est prononcé "en faveur du gel de la hausse du prix du carburant" et trouve donc "indécent" de voter une loi qui coûte une telle somme. Et ce "malgré l'amour" que le parti porte au drapeau.

Quoi qu'il en soit, si les prévisions du conseil exécutif sont avérées, la tête de Maure devrait faire son apparition sur les claviers numériques d'ici septembre 2020. 


La rédaction de TF1info

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