REPROGRAMMATION - Le rappeur Médine ne se produira pas au Bataclan mais au Zénith de Paris, en février prochain. Une décision prise conjointement avec la salle de concerts endeuillée, "dans un souci d'apaisement", indique le communiqué de la salle.
La polémique est-elle close ? Pas si sûr. Le rappeur Médine devait se produire pour deux dates fin octobre au Bataclan, la salle de concerts parisienne où s'était déroulée l'une des tueries du 13 novembre 2015. Une programmation qui avait outré certains politiques et des parents de victimes du Bataclan.
Dans un communiqué publié ce vendredi, la salle de concerts parisienne indique que "par respect des victimes des attentats du 13 novembre 2015 et de leurs familles, et tout en garantissant la liberté d’expression des artistes", Médine et le Bataclan ont décidé de reporter ces deux concerts dans une autre salle parisienne. Une décision prise "dans une volonté d'apaisement", indique les deux parties. Ce sera donc au Zénith de Paris, que le rappeur se produira, le 9 février prochain.
pic.twitter.com/x5MLa2I481 — Médine (@Medinrecords) 21 septembre 2018
Des mouvements d'extrême droite appelaient récemment sur les réseaux sociaux à organiser des manifestations devant le Bataclan. "Certains groupes d'extrême droite ont prévu d'organiser des manifestations dont le but est de diviser, n'hésitant pas à manipuler et à raviver la douleur des familles des victimes", a souligné Médine sur son compte Facebook.
Des familles demandent l'ouverture d'une enquête préliminaire
Ce vendredi matin, RTL indiquait que l'avocat de certaines familles des victimes a demandé au procureur de la République de Paris, l’ouverture d’une enquête préliminaire pour les textes des chansons de Médine qui incitent selon lui à la haine, la discrimination et la violence. En cause notamment, les paroles de "Don't Laïk" : "crucifions les laïcards comme à Golgotha", dans son album "Démineur", sorti en 2015
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Des familles de victimes divisées sur le sujet
Si certaines familles ont été blessées de voir l'artiste programmé dans la salle endeuillée du Bataclan, estimant que "cela rajoute de la douleur à la douleur", d'autres affirment que la salle demeure libre de sa programmation et que l'interdiction des concerts pourrait tendre vers une "instrumentalisation des victimes", ce qu'elles rejettent.
Une association de victimes des attentats du 13 novembre 2015, "13onze15 Fraternité Vérité", avait jugé que le Bataclan commettait "une faute" en programmant Médine. En revanche, Life for Paris, l'une des principales associations de victimes, avait jugé le Bataclan "complètement libre de sa programmation", se refusant d'instrumentaliser "la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire".
Les réactions à cette déprogrammation du Bataclan
Cette déprogrammation des concerts au Bataclan a fait réagir dans les rangs politiques. Beaucoup, à droite et à l'extrême droite, s'en sont félicités.
L’annulation du concert de @Medinrecords au Bataclan est une victoire pour toutes les victimes du terrorisme islamiste. Cette provocation n’avait pas sa place dans cette salle, compte tenu de son histoire douloureuse. MLP — Marine Le Pen (@MLP_officiel) 21 septembre 2018
Medine ne se produira pas au #Bataclan il sera délocalisé au #Zénith Le #Respect du aux #victimes l’a emporté : la liberté d’expression est un acquis limité par la loi qui sanctionne l’incitation à la haine, à la violence à la discrimination https://t.co/NQXjH2wq2g — Valérie Boyer (@valerieboyer13) 21 septembre 2018
Le papa de l'une des victimes du Bataclan a tenu à remercier l'artiste et la salle, sur Twitter.
Je remercie @Medinrecords et le @bataclan_ d’avoir accepté de déplacer leur concert dans un endroit autre que le sanctuaire du bataclan — patrick Jardin (@patrickJardin3) 21 septembre 2018
"Je ne suis pas facho (...) MAIS je refuserai toujours que Médine ou un autre vienne piétiner les corps de ma fille et des autres victimes au Bataclan", écrivait-il début septembre sur Twitter pour justifier ses positions.