BIDE - Que pensent les Gilets jaunes de la prestation d'Emmanuel Macron et des maires mardi soir ? Pour le savoir, nous avons consulté les principaux groupes Facebook de ceux qui sont à l’origine de la création du Grand débat national, les Gilets jaunes.
Il doit répondre à la crise des Gilets jaunes, mais paraît l’enflammer. Emmanuel Macron a lancé le Grand débat national ce mardi 16 janvier en échangeant pendant près de sept heures avec plus de 600 maires normands, dans l’Eure. Une consultation lancée suite aux différents "actes" du mois de novembre, mais qui ne s’adresse pas exclusivement aux Gilets jaunes. Alors, sur les groupes Facebook que nous avons consultés, là où le mouvement est né, on continue à se sentir oublié.
Lire aussi
Gilets jaunes : suivez les dernières infos
Lire aussi
"Blabla", "enfumage", "diarrhée verbale" : sur les pages Facebook des Gilets jaunes, la lettre de Macron peine à convaincre
Les maires "courtisent" Emmanuel Macron
Les élus locaux font partie des derniers représentants politiques à trouver grâce aux yeux des Français. Selon le baromètre annuel du Cevipof, 53% d’entre eux font confiance au conseil municipal. En comparaison, ce chiffre chute à 30% pour l’Assemblée nationale. Une relation qui pourrait être dégradée, du moins dans les rangs jaunes. Car l’image de centaines de maires qui se lèvent et applaudissent le président de la République dans le gymnase de Grand-Bourgtheroulde ne passe pas. Certains parlent de trahison de la part de ces élus, que "Macron a retourné contre [eux]". D’autres y voient des flatteries : "Macron est entré dans la salle aux 600 maires et il est très courtisé, photographié, presque embrassé telle une super star !" Alors, dans un "sondage" organisé sur un groupe de Gilets jaunes sur Facebook, près de trois quart des internautes répondent ne plus faire confiance en leur maire.
Vous avez peur des représailles ?
Un Gilet jaune sur Facebook
Si une défiance se fait sentir, d’autres Gilets jaunes pensent que leurs représentants sont victimes d’Emmanuel Macron, qui fait une "opération de communication". Un internaute s’inquiète même : "Les maires vous fermez vos gueules? Peur des représailles ?" L’hypothèse selon laquelle le président de la République veut charmer son électorat et les élus avant le scrutin des élections européennes est fortement partagée. En plein "live", un internaute demande à Maxime Nicolle : "Tu penses qu’ils veulent gagner du temps avant les élections?" Ce à quoi l'intéressé répond "bien sûr". "On sait tous que c’est de la préparation pour les européennes (…) C’est le début d’un débat qui ne servira à rien." Mais sur son groupe, "Fly Rider Infos Blocage", une vidéo de Bref, partagée dans la soirée, diffuse en direct le débat. Et est très largement commentée. On y découvre plusieurs internautes réagissant aux propos qui sont tenus et saluant certaines prises de parole de maires.
Les Gilets jaunes se sentent mis à l'écart
Entre déception vis-à-vis des maires et critiques d’une "stratégie" présidentielle, l'impression générale est celle d’avoir été oublié. C’est un fait, les maires ont largement questionné le chef de l’État sur les principales idées présentes dans les cahiers de doléances. Mis à disposition en décembre dans 5000 communes rurales, les citoyens y avaient retranscrits leurs préoccupations vis-à-vis du pouvoir d'achat, de l'injustice fiscale et de la diminution des services publics. Alors, les Gilets jaunes ont l’impression qu’on les a écartés de la discussion, oubliant d’évoquer le désormais fameux RIC ou encore les violences policières. Et regrettent que cet isolement se soit aussi fait sentir sur le terrain. Un groupe de manifestants a été repoussé par les forces de l'ordre à l'entrée du gymnase où Emmanuel Macron devait arriver, notamment par des gaz lacrymogènes. "Voilà comment commence le Débat National voulu par Emmanuel Macron : les Gilets Jaunes ne sont pas présents à la réunion des maires et du président", déplore une internaute.
Un sentiment d'exaspération partagé sur les groupes Facebook de Gilets jaunes rendant de plus en plus compliqué la possibilité d'un dialogue entre le gouvernement et les manifestants. Et qui fait écho à un sondage OpinionWay diffusé ce lundi. 67% des Français pensent que le Grand débat national ne permettra pas une sortie de la crise.