MALTRAITANCE - Mardi 2 octobre à Marseille, une aide-soignante ayant dénoncé des actes de maltraitance dans une maison de retraite de la cité phocéenne dans un reportage télévisé, a été entendue par la police pour recel, abus de confiance et atteinte à la vie privée. Korian, la société détenant l'EHPAD, reproche à la jeune femme d'avoir transmis des images de vidéosurveillance de l'établissement à l'équipe de tournage.
Depuis plusieurs mois, elle faisait partie des quatre aide-soignantes à dénoncer les conditions de vie dans les maisons de retraite, des cas de maltraitance et le manque de moyens mis à disposition des employés d'Ehpad à Marseille. Isma Mehtougui, licenciée après un entretien accordé à France Culture, a été, selon les informations de 20 Minutes, entendue mardi par la sûreté départementale, dans le cadre d’une plainte contre X pour "recel, abus de confiance et atteinte à la vie privée". Une plainte déposée par Korian, qui détient l’Ehpad "Les Parents" dans laquelle la jeune femme officiait.
La société reproche à la jeune femme d'avoir transmis des images de vidéosurveillance enregistrées au sein de l’établissement, qui ont été ensuite diffusées fin 2017 dans un reportage intitulé "Maisons de retraite : les secrets d’un gros business", dans l'émission de France 3 "Pièces à conviction". "On pense que c’est clairement une mesure de représailles à la médiatisation de ce dossier. C’est dans la droite ligne des menaces proférées par Korian, disant qu’il y aurait des poursuites pénales à chaque prise de parole dans les médias" , a a ainsi expliqué Me Voraz, avocate de l'ex-salariée, à 20 Minutes.
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La société invoque "l'intimité et la vie" des résidents
En réponse, l'avocat de Korian, Me Reinhart, a justifié la plainte au média : "Nous protégeons l’intimité et la vie de nos résidents, et nous avons porté plainte dans ce cadre. Ces images représentant des personnes fragiles n’avaient pas à être diffusées. On ne cherche pas à museler, on demande un minimum de respect." Toujours selon le site d'informations, une audience devant les prud’hommes est prévue au mois de novembre, "les aides-soignantes contestant leur licenciement".
Durant son audition, un mouvement de soutien à la jeune femme, initié par la CGT, s'est déroulé devant les locaux de la police de Marseille. "On a été licenciées en même temps pour les mêmes faits. C’est mon amie, ma collègue. Sa convocation, c’est la mienne" explique à 20 Minutes Hella Kherief, une autre aide-soignante ayant témoigné dans les médias et également licenciée par une maison de retraite détenue par Korian. Selon elle, Isma Mehtougui est convoquée en guise d’avertissement envers les autres aides-soignantes, pour qu’elles ne parlent pas."