Stèle du Maréchal Juin dégradée : les Gilets jaunes entre condamnation, aigreur et complotisme

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La colère des Gilets jaunes
CASSE - Au centre de la Place d'Italie, à Paris, le monument en mémoire du maréchal Juin a été dégradé samedi, en marge d'un rassemblement pour le premier anniversaire du mouvement des Gilets jaunes. S'il a provoqué l'indignation d'une partie de la population, qu'en est-il des manifestants eux-mêmes ?
Le préfet de police de Paris a dénoncé un rassemblement de personnes "qui ne défendaient pas une cause, mais procédaient à des destructions". Ce samedi 16 novembre, à Paris, des petits groupes de manifestants se sont adonnés à des dégradations, dont celle du monument en hommage au Maréchal Juin, provoquant de vives critiques à leur encontre. Mais quand est-il des principaux concernés, à savoir les Gilets jaunes, qui fêtaient ce week-end leur année d’existence ?
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Une médiatisation pour "salir le mouvement"
Les images de cet homme, frappant au pied-de-biche une stèle commémorative au centre de la Place d’Italie, a provoqué une vague d’indignation. Mais pour certains Gilets jaunes, ces images n'ont servi qu'à ternir le reste de la mobilisation. Sur Facebook, l'un d'entre eux demande ainsi pourquoi la vidéo "passe en boucle". Pour "salir" ce mouvement, répond l’un, "pour détourner l’attention", rajoute un autre. Ils sont ainsi nombreux à regretter que les revendications du mouvement aient été, selon eux, occultées par ces images. "Une plaque ça se reconstruit. Les dégâts de la misère ne se reconstruisent pas, eux."
Mais plus globalement, à la lecture des commentaires en ligne sur cet épisode, nombreux sont ceux qui s’indignent de ce qu’ils perçoivent comme un "deux poids deux mesures". "L'œil d’un Français est moins important que le monument d'un Maréchal"¸ peut-on lire en légende d’une vidéo montrant un manifestant recevoir un projectile au visage. En témoigne le "Zineb, Adama, Remi", en référence à des personnes décédées lors d’intervention de forces de l’ordre, tagué sur le monument.
Certains avancent la thèse complotiste
La question de la médiatisation de telles dégradations est massivement partagée. Mais elle n’est pas la seule. Certains se demandent plutôt comment "un type avec un pied-de-biche" a pu se rendre dans le cortège quand "tout Paris" a été contrôlé. Et de s’interroger sur les forces de l’ordre, qui, selon eux, agissent souvent très rapidement et sont "mobiles" lorsqu’il s’agit des pacifistes et laisseraient faire les casses. "Ils les ont en face d’eux alors pourquoi ne pas les arrêter ? Ils laissent faire [pour] annuler la manifestation", lit-on dans un commentaire. Qui ajoute : "C’est une tactique pour nous monter l’un contre l’autre."
Dans les rangs, la thèse du complot trouve - comme souvent - ses partisans. Une opinion qui n’est pas marginale. François Boulo lui-même, un avocat devenu porte-parole des Gilets jaunes en Normandie, avance sur Twitter avoir vu des "policiers casseurs" "mettre le feu puis retourner sur le dos une Peugeot 208". Et de s’interroger : "Et si c’étaient eux pour le monument aussi ?"
Des casses qui desservent la cause
Enfin, d’autres, à l’image de ceux qui avaient pu raccrocher la chasuble après le 1er décembre et le saccage de l’Arc de Triomphe, se disent sidérés par ces images ou par le comportement des casseurs, plus globalement. "C'est sûr qu’en cassant les monuments pour nos morts, nous allons faire avancer les choses", ironise l’un d’eux. "Les pompiers et les monuments aux morts, ce sont les seules choses auxquelles il ne faut pas toucher !", lance un autre. Rare Gilet jaune présent lors de l'hommage d'élus parisiens devant la stèle du Maréchal Juin ce lundi, Thierry-Paul Valette - co-fondateur du rassemblement "Gilets jaunes citoyens" ne dit pas autre chose (voir la vidéo ci dessous).
En vidéo
Stèle du Maréchal Juin : le Gilet jaune Thierry-Paul Valette dénonce les dégradations devant Anne Hidalgo
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De quoi pousser un Gilet jaune à proposer l’arrêt des cortèges parisiens, devenus à ses yeux des "défouloirs pour voyous et casseurs". Et de rappeler que ce sont souvent les Gilets jaunes eux-mêmes, mobilisés pour davantage de pouvoir d’achat, qui devront, indirectement, payer les pots cassés.
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