Gilets jaunes : six questions après les incidents sur les Champs-Élysées

Publié le 25 novembre 2018 à 7h37, mis à jour le 25 novembre 2018 à 15h32

Source : JT 13h WE

DÉCRYPTAGE - Les affrontements sur les Champs-Elysées auraient-il pu être évités ? Pourquoi le secteur n'a-t-il pas été fermé ? Quelle est l'ampleur des dégâts ? LCI fait le point au lendemain des incidents survenus sur les Champs-Elysées lors de la manifestation des Gilets jaunes à Paris.

Un "acte 2" moins mobilisateur au niveau national, mais avec des incidents violents à Paris : la manifestation des Gilets jaunes samedi 24 novembre sur les Champs-Elysées a donné lieu à des échauffourées et des interpellations, dans une ambiance tendue en fin d'après-midi. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé 42 interpellations à Paris sur 130 interpellations et mises en garde à vue dans toute la France. Vint-quatre personnes ont été blessées au cours de la mobilisation parisienne, dont cinq parmi les forces de l'ordre selon un nouveau bilan de la Préfecture de police de Paris.

Tout au long de la journée, les incidents se sont concentrés sur les Champs-Élysées, où plusieurs affrontements ont éclaté entre les forces de l'ordre et les Gilets jaunes qui élevaient des barricades en utilisant le mobilier urbain à leur disposition. À l'issue de cette journée, LCI revient en six questions sur les heurts qui ont émaillé le manifestation sur l'avenue parisienne.

Les Champs-Élysées, secteur interdit ?

À l'origine, les Gilets jaunes souhaitaient se rassembler sur la place de la Concorde. Demande refusée par la Préfecture de police, arguant de la sensibilité du lieu, situé à proximité de l'Élysée et de l'Assemblée nationale. Un "périmètre d'interdiction des rassemblements et manifestations" avait été dressé autour de la place de la Concorde et du palais présidentiel. Les manifestants avaient été en revanche autorisés à se réunir sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. La majorité d'entre eux avaient rejeté dès vendredi la proposition des autorités, refusant d'être "parqués" loin des lieux de pouvoir parisiens. 

Le haut des Champs-Elysées, à partir du rond-point, ne figurait pas dans ce périmètre fermé.  Le mouvement a snobé le Champ-de-Mars - secteur autorisé - pour la célèbre avenue parisienne, encouragé, selon le ministère de l'Intérieur, par certains responsables politiques dont Marine Le Pen. Les Gilets jaunes avaient alors annoncé qu'ils manifesteraient, en amont du périmètre interdit, durant "toute la journée".

N'était-il pas possible de les fermer ?

"Nous aurions pu interdire complètement les Champs-Élysées et fermer Paris mais nous n'avons fait pas ce choix-là. Nous avons appelé à la responsabilité de chacun", a déclaré Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, interrogé sur le fait que le gouvernement n'ait pas interdit purement et simplement l'avenue parisienne aux manifestants. "Si nous avions fermé les Champs-Élysées ainsi que l'intégralité des rues adjacentes, c'est à peu près la moitié de la capitale qui aurait été fermée pour 8000 manifestants", a-t-il ajouté lors d'un point presse organisé samedi en début de soirée. Il a conclu en affirmant que les forces de l'ordre ont pour habitude de "gérer très bien des cortèges de centaines de milliers de personnes". 

Gilets Jaunes à Paris : le déroulé des évènements heure par heure sur les Champs-ÉlyséesSource : Sujet TF1 Info
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Y a-t-il eu un manque d'appréciation ?

Samedi, à Paris, 3000 forces mobiles étaient mobilisés, appuyées par des hélicoptères, pour contenir les manifestants hors du périmètre de sécurité. Mais était-ce suffisant pour répondre aux heurts ? "Nous avions complémentent anticipé la journée avec le périmètre de sécurisation des institutions mis en place dont on a constaté la nécessité et l'efficacité. Nous avons été en capacité de nous déployer pour rétablir l'ordre dès que nécessaire", a jugé Michel Delpuech, le préfet de police de Paris. "Tout cela avait été pris en compte mais lorsqu'on fait un grand périmètre, c'est toujours autour que les sujets se posent", a-t-il ajouté, soulignant le "professionnalisme, la maîtrise et le sang-froid" des forces de l'ordre. "Sur ces sujets-là, la modestie est toujours nécessaire. Il y a toujours des sachants et des commentateurs", a répondu pour sa part le ministre de l'Intérieur. En comparaison, une manifestation d'ampleur, comme celle du 1er-Mai dernier à Paris, avait mobilisé 1500 policiers.

Qui sont les casseurs des Champs-Élysées ?

Christophe Castaner ne met pas tous les manifestants dans le même sac. Selon les chiffres de la Préfecture de police, 8000 personnes s'étaient rassemblées dans le quartier des Champs-Élysées mais cette mobilisation a été infiltrée. Au mouvement des Gilets jaunes venus de toute la France, "des manifestants bon enfant" selon le ministre de l'Intérieur, se sont ajoutés aussi des militants politiques "des réseaux d'ultra-droite très mobilisés".

Une centaine de membres de l'ultra-droite ont engagé des actions contre les forces de l'ordre pour tenter de s'approcher des lieux protégés. Ils ont été vus en train de desceller des pavés ou de mettre à terre des barrières de chantier. Selon une note de la Direction du Renseignement de la Préfecture de police de Paris (DRPP) que LCI avait pu consulter, les autorités s'attendaient à la présence de 80 à 120 militants de l'ultra-droite.

"Les réseaux d'ultra-droite étaient très mobilisés", affirme Christophe CastanerSource : Sujet JT LCI
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Pourquoi autant de mobilier urbain à disposition ?

Sur les Champs-Élysées, "la plus belle avenue du monde", la manifestation a viré au chaos. Des casseurs infiltrés parmi les Gilets jaunes ont arraché des pavés pour en faire des projectiles contre les forces de l'ordre. Ils ont aussi utilisé du mobilier urbain pour monter des barricades. Le matériel de chantier présent en nombre dans le quartier a compliqué la tâche des policiers mobilisés. "Nous n'avions aucune demande d'une manifestation sur les Champs-Élysées", a rappelé Christophe Castaner, d'où le fait qu'il n'y avait aucune consigne particulière d'enlever les barrières présentes sur l'avenue. 

Quels dégâts sur les Champs-Élysées ?

"Les dégâts sont faibles, ils sont matériels. C'est l'essentiel", a annoncé le ministre de l'Intérieur. Les affrontements ont cessé sur les Champs-Élysées mais leurs traces demeurent. Barrières, vélos en libre service et autres pavés descellés jonchent le sol. Plusieurs terrasses de café ont été vandalisées par les manifestants, les éléments servant aux nombreux feux allumés sur la célèbre avenue parisienne depuis le milieu de la journée. Selon notre journaliste sur place, les vitrines des magasins sont elles pour la plupart intactes. Pour l'heure, les dégâts réels restent difficiles à identifier. Et encore plus à chiffrer. 


La rédaction de TF1info

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