VIDÉO - Il doit jeter six millions de roses et de tulipes : la détresse d'un producteur de fleurs

TF1
Publié le 4 novembre 2020 à 21h46

Source : TF1 Info

DÉSASTRE - Avec la fermeture des fleuristes, jugés "non-essentiels" dans le cadre du nouveau confinement, les producteurs de fleurs se retrouvent dans une situation très délicate, devant stopper et jeter une grande partie de leur production. C'est le cas de Jean-Philippe Bigot, dans la Sarthe.

Depuis le 30 octobre dernier, un deuxième confinement est en vigueur dans toute la France métropolitaine pour tenter de stopper la progression du Covid-19. Conséquence directe de ce deuxième confinement : la fermeture de nombreux commerces dits "non-essentiels". Ainsi, de nombreux fleuristes ont dû, après un répit de trois jours pour le week-end de la Toussaint, fermer leurs portes.

100.000 fleurs perdues chaque jour

Une situation qui impacte directement les producteurs de fleurs, qui sont obligés de stopper leur production. C’est le cas de Jean-Philippe Bigot, qui tient l’entreprise familiale "Bigot Fleurs" depuis 1980 à Allonnes, dans la Sarthe. Chaque jour avec le confinement, il perd l’équivalent de 100.000 fleurs. En tout, il n'a pas eu d'autre choix que de jeter près de six millions de roses et de tulipes. "Des tulipes comme ça, à ce stade-là, sont déjà des tulipes qui ne sont plus commercialisables. Tout ce que vous voyez ici en fleurs, ça va directement à la poubelle", déplore-t-il au micro de TF1.

"Aujourd’hui on nous dit, par souci d’équité, plus personne ne vendra de fleurs. Sauf que, est-ce qu’on pense au producteur, à tous les ouvriers qu’il emploie dans des zones rurales, qui ont besoin de ce travail ? Qu’est-ce qu’on devient ? Est-ce qu’on a pensé l’ombre d’une seconde à nous ?, interroge-t-il. La réponse est simple : non".

Ain de ne pas perdre complètement sa production, Jean-Philippe joue la montre et a placé ses fleurs pendant 48h en chambre froide, en espérant un changement de position du gouvernement : "Il faut espérer qu’il y ait une prise de conscience des pouvoirs publics qui se disent : 'En fait, effectivement, on s’est trompés là-dessus.'"

Cette situation, l’entreprise sarthoise l’a déjà difficilement vécue au printemps dernier. Lors du premier confinement, elle a dû emprunter près de deux millions d’euros auprès de l’Etat. Huit mois plus tard, on ne parle que de survie. "C’est vital pour l’entreprise. Si on ne plante pas aujourd’hui, autant arrêter. On coupe tout tout de suite et comme ça on n’en parle plus. Mais ce n’est pas notre genre, on va se battre comme des lions, parce que tous les salariés que vous voyez là, c’est pour eux qu’on se bat", insiste Jean-Philippe Bigot.

50% des salariés en chômage partiel

"J’ai trois jeunes enfants et j’ai besoin de ce travail pour vivre. Ce n’est pas avec trois heures par ci, trois heures par là, que je vais y arriver", s’inquiète Jean-Thierry, saisonnier régulier dans l’exploitation des Bigot. "On garde le moral, on essaye, on n’a pas le choix", ajoute Thierry, salarié depuis 35 ans dans l’entreprise familiale.

En tout, 50% des salariés de la société de Jean-Philippe Bigot sont en chômage partiel, la boutique en ligne étant le seul pôle encore en fonctionnement. Malheureusement, les revenus sont anecdotiques. "La vente de fleurs en ligne, en France en général, c’est moins de 10% des ventes. Donc lorsqu’on perd les supermarchés et les fleuristes, le commerce en ligne ne peut pas absorber tout cela, c’est impossible", indique Nicolas Bigot, fils de Jean-Philippe.

Pour éviter les trop grandes pertes, les bouquets non vendus seront envoyés aux EHPAD alentours, alors que l’entreprise horticole continue coûte que coûte à planter les prochaines tulipes, pour garder la tête haute et penser à l’avenir.


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