102 féminicides en 2020 : un tiers des victimes avaient déjà subi des violences

Publié le 2 août 2021 à 18h27, mis à jour le 3 août 2021 à 0h28

Source : JT 20h Semaine

DROITS DES FEMMES - L'étude nationale sur les morts violentes au sein du couple publiée ce lundi montre que 35% des femmes victimes de féminicides en 2020 avaient déjà subi des violences. Pourtant, seules 18% avaient déposé plainte.

102 noms sont venus s'ajouter à la triste liste des femmes tuées par leur copain, leur conjoint ou leur ex. Dans une très riche étude nationale sur les morts violentes au sein du couple en 2020 publiée ce lundi 2 juillet, le ministère de l'Intérieur dresse un bilan de cette année si particulière. Si ce chiffre est un "plus-bas historique" depuis la création de cette étude en 2006, il représente tout de même un décès enregistré tous les trois jours. Des morts d'autant plus dramatiques que, très souvent, elles ont été précédées de signaux d'alerte.

18% des victimes avaient porté plainte

Ainsi, parmi cette centaine de femmes tuées, plus d'un tiers (35%) avaient déjà subi "au moins une forme de violences antérieures", lit-on dans ce rapport. Ce qui représente 36 victimes. Des signaux d'alerte qui se traduisaient principalement par des violences physiques, pour 21 victimes, auxquelles s'ajoutaient parfois des violences psychologiques (9 victimes) et sexuelles (1 victime).

Or, parmi la totalité des victimes, seules 18% avaient déjà déposé plainte et une seule d'entre elles faisait l'objet d'une ordonnance de protection. Des chiffres qui résonnent avec les résultats d'une enquête réalisée sur 3500 femmes par le collectif NousToutes. Publiée en mars 2021, elle montrait justement les obstacles rencontrés par les femmes désireuses d'alerter sur ces violences. Elle révélait ainsi que plus d'une femme sur deux avait essuyé un refus au moment de porter plainte pour une agression. "Il était ressorti que des milliers de femmes victimes de violences au sein du couple avaient été confrontées au refus de prendre leur plainte, à la banalisation des faits ou à une solidarité avec le conjoint violent de la part des forces de l'ordre", rappelle ainsi le collectif féministe engagé contre les violences faites aux femmes, auprès de LCI.fr. 

Très précisément, l'enquête montrait qu'en cas de violences conjugales, 68% des 3500 femmes interrogées disaient avoir été confrontées à une "banalisation des faits" et la moitié à de la "culpabilisation". Pour assurer un meilleur suivi de ces situations, le ministre de l'Intérieur a donc annoncé ce lundi que serait donnée la consigne aux policiers et gendarmes de faire "un signalement au procureur" à chaque alerte, l'objectif étant que "100% des constatations se transforment en plainte ou signalement". 

Mais difficile, selon le collectif, de faire respecter cette consigne tant l'enjeu aujourd'hui est plutôt "de former l'ensemble des forces de l'ordre à accueillir la parole et à prendre au sérieux les victimes". "Et pour cela, il faut également des moyens", note-t-il. Or, c'est précisément ce qui, selon les militantes, manque aux nouvelles mesures annoncées par Gérald Darmanin pour tenter d'endiguer ces violences. Si le ministre de l'Intérieur a notamment révélé dans les pages du Parisien "le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales", le collectif s'en étonne. "On découvre que le traitement des plaintes pour violences conjugales n'était apparemment pas prioritaire jusque-là", relève-t-il auprès de LCI.fr, alors même que le sujet était présenté comme "la grande cause du quinquennat" d'Emmanuel Macron. Par ailleurs, les militantes estiment que le ministre de l'Intérieur annonce "à grand renfort de communication des mesures qui existent déjà". Comme le fait d'avoir des équipes spécialisées sur le sujet dans tous les départements. Encore une solution qui, selon elles "existe déjà, mais n'est pas appliquée par manque de moyens financiers".


Felicia SIDERIS

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