A la recherche "d’expressions adaptées", un agent de mode jugé pour avoir violé ses mannequins

par William MOLINIE
Publié le 27 juin 2016 à 9h30
A la recherche "d’expressions adaptées", un agent de mode jugé pour avoir violé ses mannequins

FAITS DIVERS – Hussein S., 46 ans, est renvoyé ce lundi 27 juin devant le tribunal correctionnel de Paris pour des agressions sexuelles sur des jeunes filles au cours de séances de photographie. Il demandait à ces futurs mannequins de se déshabiller avant de les caresser et parfois de les violer. Il était, selon lui, à la recherche d’expressions sur le visage de ses victimes.

Il disait vouloir les détendre pour les rendre plus "attirantes", plus "expressives", plus "sexy". Hussein S. va devoir trouver d’autres arguments devant ses juges, ce lundi 27 juin. Cet homme de 46 ans, qui se présente comme "agent de mannequin", est soupçonné d’avoir agressé sexuellement au moins quatre jeunes filles au cours de séances de photographies entre juin 2010 et mars 2012 à Paris.

Certaines ont même été violées digitalement, ce qui lui aurait, en théorie, valu la cour d’assises. Mais, comme dans un certain nombre de cas de ce type, la juge d'instruction a requalifié les charges en "agressions sexuelles" et renvoyé le prévenu devant le tribunal correctionnel. Ce qui garantit aux victimes un procès plus rapide, "moins lourd à supporter", précise une source judiciaire contactée par metronews.

"Recherche d’expressions adaptées"

Ce dénicheur de mannequins, ancien gérant d’une agence de mode, rue Vernet à Paris (8e), prenait contact avec ses futures victimes via un site internet de modèles, où des jeunes filles envoyaient des photos dans l’espoir d’être présentées à des marques de vêtements. Pour en devenir, un jour peut-être, l’égérie. En mars 2012, une première victime porte plainte contre l’agent à l’issue d’une séance. La rencontre a lieu au bar de l’Hôtel de Crillon, un palace de la capitale. Après une discussion d’une heure, Hussein S. lui propose de l’accompagner chez lui pour la prendre en photo et constituer ainsi son "book".

A LIRE AUSSI >> Faux castings et abus sexuels : le danger des recrutements virtuels 

Jusqu’ici, rien d’anormal, ce type d’approche étant relativement courant dans ce milieu. Mais pendant la séance, une "proximité" s’installe. "Il lui demande de se déshabiller, au motif de lui prendre ses mesures", détaille auprès de metronews Me Stéphanie Marcie, l’avocate de la victime. C’est alors que le photographe lui caresse la poitrine et lui glisse sa main dans son pantalon avant de lui introduire un doigt dans le vagin. Convoqué par les policiers, Hussein S. reconnaît des attouchements, y compris sur le sexe et à travers les vêtements. Mais, assure-t-il, la pénétration digitale s’est faite avec son consentement. Devant les enquêteurs, il justifie ces gestes par "la recherche d’expressions adaptées".

"Alibi artistique"

Au cours de la perquisition de son domicile, 88 vidéos ont été saisies. Le même mode opératoire est constaté pour d’autres jeunes filles, certaines manifestant "continuellement [leur] opposition", établit le rapport d’enquête. "Clairement, on voit bien qu’elles ne sont pas consentantes", assure Me Marcie. Sur ces vidéos, apparaissent des attouchements, des pénétrations digitales, parfois des relations sexuelles "complètes" de plusieurs minutes avec des jeunes filles qui n'ont pas déposé plainte. Au moins une victime dit avoir retrouvé sur Internet les traces d’images d’elle dénudées, alors qu’elle n’avait pas donné son accord. Mais à chaque fois, les enquêteurs obtiennent les mêmes réponses du suspect : argument de l’alibi artistique, de l’approbation des victimes, voire parfois de la prestation sexuelle tarifée.

Une douzaine de jeunes femmes ont été entendues. Mais elles ne sont que quatre au final à s’être constituées parties civiles. Si l’étude de la personnalité d’Hussein S. n’a pas décelé de "névrose" ni d’"organisation perverse", sa vie sexuelle est décrite comme "pauvre", le "sujet ayant recours à la […] prostitution". Lors d’une audience au début de l’année, le prévenu, sous contrôle judiciaire, ne s’est pas présenté à la barre, arguant une hospitalisation en psychiatrie. Après vérification du nom de l’établissement, les magistrats se sont aperçus qu’il s’agissait plutôt d’une "maison de repos". Le tribunal prévoit d’envoyer les policiers le chercher s’il est à nouveau absent lundi. "Ce ne sera pas la peine, il sera là", promet son avocat, Me Alexis Gublin. Contacté par nos soins il n’a en revanche pas souhaité faire de commentaire "sur le fond" avant l’ouverture des débats.


William MOLINIE

Tout
TF1 Info