Adoptions à l'étranger : un projet de réorganisation inquiète les associations

par Youen TANGUY
Publié le 6 octobre 2016 à 22h12
Adoptions à l'étranger : un projet de réorganisation inquiète les associations
Source : BERTRAND GUAY / AFP

FAMILLE COMPOSÉE - En chute ces dernières années, les adoptions d'enfants à l'étranger risquent-elles un coup d'arrêt ? C'est ce que redoutent plusieurs associations de familles adoptives, face à un projet de réorganisation de l'Agence française de l'Adoption.

Adopter des enfants à l'étranger va-t-il devenir encore plus long et compliqué ? Plusieurs associations ont décidé de tirer la sonnette d'alarme face à un projet de réorganisation de l'Agence française de l'Adoption (AFA). Le gouvernement projette de rapprocher l'AFA d'un autre groupement d'intérêt public (GIP), Enfance en danger, qui gère le service téléphonique 119 et l'Observatoire national de la Protection de l'Enfance (ONPE), pour créer une seule entité juridique. 

"L'objectif est de créer une grande structure au service des politiques de la protection de l'enfance et de l'adoption, et de dynamiser l'AFA dans ses missions, dans un contexte de baisse des adoptions internationales", explique à l'AFP le cabinet de la ministre Laurence Rossignol.

Vers des annulations de procédures d'adoption ?

Mais face à cette réorganisation, plusieurs associations se montrent pour le moins réticentes, dont Enfance et familles d'adoption (EFA). Elles craignent en effet que cette réorganisation juridique entraîne une suspension, voire une annulation, des procédures d'adoption en cours. Pourquoi ? L'accréditation de la nouvelle entité pourrait prendre "plusieurs mois, voire années dans d'autres pays comme la Russie", analyse à LCI Nathalie Parent, présidente de l'association EFA. L'AFA est aujourd'hui accréditée auprès d'une trentaine de pays d'origine des enfants".  

De nombreux couples français sont désormais inquiets pour la suite des évènements. "En septembre 2016, notre dossier est en tête de liste. L'espoir renaît", confie un couple qui cherche à adopter depuis près de dix ans et a obtenu son agrément en 2007. "Or, la fusion de l'AFA pourrait compromettre notre projet de vie, pour lequel nous nous battons depuis dix ans. Notre douleur est incommensurable".

Le risque est évalué, identifié, assumé
Quai d'Orsay

En réponse à ces inquiétudes, le Quai d'Orsay souligne que l'AFA "conservera ses missions, son statut public, son personnel et son nom". Concernant ses accréditations, le risque est "évalué, identifié, assumé", assure la mission. Elle estime que dans la moitié des pays, soit "une quinzaine", les accréditations n'auront pas à être refaites, du fait du statut public de l'AFA. 

"Et vous faites quoi des quinze autres ? s'alarme Nathalie Parent. Ce qu'on demande, c'est qu'aucun dossier en cours ne reste sur le carreau". "L'objectif est de limiter au maximum l'impact" de ce projet et "nous y travaillons sérieusement", rassure-t-on au Quai d'Orsay.

Les adoptions d'enfants à l'étranger sont en chute libre dans tous les pays d'accueil. En France, elles ont diminué de 24% en 2015 par rapport à l'année précédente, passant à 815 alors qu'elles étaient proches de 4000 par an entre 2003 et 2006. L'AFA en a accompagné un quart, les autres étant réalisées principalement par l'intermédiaire des organismes autorisés pour l'adoption (OAA), qui sont des associations privées.


Youen TANGUY

Tout
TF1 Info