Affiches anti-migrants à Béziers : le parquet ouvre une enquête

par Youen TANGUY
Publié le 13 octobre 2016 à 7h00, mis à jour le 13 octobre 2016 à 7h31
Affiches anti-migrants à Béziers : le parquet ouvre une enquête

POLÉMIQUE - Une enquête a été ouverte mercredi après après la campagne d’affiches municipales anti-migrants à Béziers. Le Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM) avait porté plainte contre Robert Ménard pour "provocation à la haine", tandis que SOS Racisme et la Dilcra avaient saisi le procureur de la République de Béziers.

La polémique continue d'enfler. Depuis mardi et le lancement d'une campagne d'affichage anti-migrants à Béziers, les associations sont vent debout contre Robert Ménard, le maire apparenté FN de la commune. Savant montage photographique, l'affiche montre des réfugiés, de dos et de profil, sous un ciel chargé de nuages. Derrière eux, en fond, s’élève la cathédrale de Béziers. Le tout est encadré d’un texte pour le moins anxiogène, en lettres capitales noires et jaunes : "L’Etat nous les impose. Ça y est ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville !"

Mercredi, le parquet a indiqué dans un communiqué qu'une enquête avait été ouverte et confiée à la police judiciaire. Elle devra déterminer si des faits de "provocation à la discrimination" ou "à la haine raciale" sont "pénalement caractérisés"

Plainte pour "provocation à la haine"

Face à des affiches que les associations jugent "atroces", le Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM) a porté plainte ce mercredi matin à l'encontre du maire de Béziers pour "provocation à la haine ou à la violence".  Cette dernière a été enregistrée au commissariat du 4e arrondissement de Paris. "Je dépose plainte contre Monsieur Robert Ménard (...) pour ces affiches apposées sur les panneaux municipaux avec les propos ainsi tenus envers les migrants incitant à la haine, repris et circulant ainsi sur les réseaux sociaux", peut-on lire dans la document que LCI s'est procuré. SOS Racisme et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitism (Dilcra) ont de leur côté saisi le parquet de Béziers ainsi que la préfecture de l'Hérault.

Le sous-préfet Christian Pouget avait déclaré mardi à LCI que 40 nouveaux demandeurs d’asile arriveront bien sur la commune courant novembre. Ils viendront s’ajouter aux 50 déjà installés dans le Cada de la Cimade. Avec 80 demandeurs d’asile déjà placés dans le Cada Emile Claparède, ce sont donc en tout 170 migrants qui seront accueillis à Béziers, ville d’un peu moins de 70.000 habitants.

Mais le 18 octobre prochain, Robert Ménard compte bien demander au conseil municipal "son accord pour l’organisation d’un référendum local sur l’accueil des réfugiés”. Cette initiative, si elle devait voir le jour, pourrait être retoquée devant la justice. Au mois de septembre, le tribunal administratif de Grenoble s'est en effet opposé à l'organisation d'un même référendum dans la commune d'Allex (Drôme). SOS Racisme le précise déjà : "Les référendums organisés par les municipalités ne peuvent l’être que sur des domaines relevant des compétences des communes". S'il est voté en conseil municipal, le référendum sera organisé le 8 janvier prochain.


Youen TANGUY

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