Agent municipal convoqué pour avoir offert une douche à un SDF : le maire de Cachan se justifie

Publié le 28 septembre 2015 à 18h02

POLÉMIQUE – Un agent de la mairie de Cachan (Val-de-Marne) a été convoqué vendredi dernier par sa hiérarchie pour avoir, en avril dernier, autorisé un SDF à venir prendre une douche dans des locaux réservés au personnel d'un parking municipal. Face aux vives réactions suscitées par cette affaire, le député-maire PS de la ville, Jean-Yves Le Bouillonnec, met les choses au point et dénonce auprès de metronews "le délire des réseaux sociaux".

"Je ne sais pas ce qu'on dira de moi quand j'aurais achevé mes engagements dans ma commune, mais je ne crois vraiment pas qu'on pourra dire que j'ai manqué d'humanité." Contacté lundi par metronews, le députe-maire socialiste de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, assure être "énormément touché" par la polémique suscitée par la convocation d'un agent de sa ville, vendredi après-midi, pour avoir autorisé un SDF à venir prendre une douche dans des locaux réservés au personnel d'un parking municipal.

Depuis la révélation de cette affaire, une vague de solidarité s'est en effet déclenchée sur les réseaux sociaux autour de Bernard E., responsable des agents d'accueil des parkings municipaux et de la vidéosurveillance de la ville. Cet homme de 57 ans, par ailleurs délégué syndical CGT, expliquait vendredi au Parisien avoir accédé lors du dernier lundi de Pâques à la demande de douche de ce SDF, "un monsieur d'origine tunisienne" qui "avait un entretien le lendemain", car il est "un humaniste". Depuis, beaucoup d'internautes saluent son geste, et brocardent au contraire la réaction de la municipalité PS.

"Je suis effaré par l'ampleur que prend cette affaire qui remonte au mois d'avril. C'est le délire habituel des réseaux sociaux", soupire Jean-Yves Le Bouillonnec, qui souligne que cette polémique est née "au lendemain de la décision à l'unanimité du conseil municipal d'accueillir des réfugiés à Cachan". Pour l'élu, l'affaire est close : il s'agissait simplement de rappeler le règlement à cet agent qui, comme une collègue policière municipale convoquée pour le même motif il y a deux semaines, ne sera pas sanctionné.

"On a des règles et on les applique"

"Ce sont leurs collègues qui ont alerté le chef de service après que ces deux agents ont à deux reprises, peut-être trois, outrepassé les règles les plus élémentaires, légales et d'obligations sanitaires, en faisant entrer une personne dans des locaux réservés exclusivement et de manière formelle au personnel municipal, poursuit le maire. Le message que la Direction des Ressources Humaines de la ville a voulu faire passer dans ce processus, au cours duquel il n'y a jamais eu de demande de sanction, c'est qu'on a des règles et qu'on les applique." Le fait que la personne soit SDF, ce qui a valu à la mairie le flot de critiques, n'a donc selon lui pas à entrer en ligne de compte. "Cette personne est suivie par nos services sociaux et nous avons des dispositifs pour prendre en charge ce type de situation", fait par ailleurs valoir le socialiste.

Du côté syndical, on se réjouit de l'issue qui se dessine. "On attend la notification de la décision mais si ce n'est qu'un recadrage, un rappel à la règle, c'est normal", réagit auprès de metronews Gérard Langillier, secrétaire général CGT des agents territoriaux, qui craignait une sanction après avoir assisté vendredi Bernard E. lors de son entretien. Avant de souligner que si son syndicat est monté au créneau dans cette affaire, ce n'est en rien avec "un état d'esprit politique" : "Tous les gens qui se sont rassemblés pour soutenir l'agent municipal (une trentaine de personnes s'étaient réunies vendredi, ndlr), qui a simplement eu une réaction humaine, sont des gens de cœur".

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Gilles DANIEL

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