Apologie du terrorisme : six mois ferme pour un déficient mental, trop sévère ?

Anaïs Condomines
Publié le 15 janvier 2015 à 16h07
Apologie du terrorisme : six mois ferme pour un déficient mental, trop sévère ?

PROCES - Ce mercredi, en Isère, un jeune homme de 28 ans a écopé de six mois de prison ferme pour apologie du terrorisme. Problème : il a été reconnu déficient mental, et sa condamnation crée un début de polémique.

Aïkel a dormi en prison, cette nuit. Mercredi, il a été condamné à six mois de prison ferme pour apologie directe et publique d’actes de terrorisme, par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu (Isère). Le jeune homme de 28 ans a été interpellé dimanche par les forces de l’ordre pour s’être moqué des attentats ayant visé la rédaction de Charlie Hebdo, quelques jours auparavant.

"Ils ont tué Charlie, moi j'ai bien rigolé. Par le passé ils ont déjà tué Ben Laden, Saddam Hussein, Mohamed Merah et de nombreux frères... Si je n'avais pas de père, ni de mère, j'irai m'entraîner en Syrie", avait-il clamé, visiblement éméché. Des propos qui ne sont pas passés et qui ont provoqué la sévérité du tribunal. Pourtant, qualifié comme "simple d’esprit" par son avocate, Aïkel est vu par un expert psychiatrique peu avant l’audience. Il a été jugé comme étant une personne "immature, souffrant d’une altération certaine du discernement". Il touche par ailleurs une allocation pour adulte handicapé. Depuis l’annonce du verdict, de nombreuses réactions indignées ont été exprimées sur la toile.

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Alors ce jeune homme, malgré la teneur insupportable de ses propos, a-t-il été trop sévèrement puni dans un contexte d’inquiétude généralisée et de grande fermeté pénale ?

Pas judicieux de faire appel

Maître Catherine Perbet, avocate du jeune homme, tient, évidemment, à se montrer mesurée. Interrogée par metronews, elle reconnaît que "dans un autre contexte, si ce procès avait eu lieu avant ces terribles attaques, il n’y aurait probablement pas eu de poursuites, ou en tout cas une peine bien moindre." Pour autant, elle n’est pas surprise de ce jugement et ne compte pas faire appel : "Mon client a accepté cette décision. Etant donné que le Procureur a requis un an ferme, et que la loi prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour ce genre de délit, il ne serait pas judicieux de notre part de demander un nouveau procès."

Et la magistrate de préciser qu'Aïkel affichait déjà sept condamnations à son casier judiciaire, pour vols, menaces de mort et provocation. "Voilà d’où vient certainement la sévérité de ce verdict", conclut-elle. À titre de comparaison, un jeune homme de 21 ans a été condamné le même jour, par le tribunal correctionnel de Paris, à deux mois de prison ferme pour apologie du terrorisme . Il a été jugé "en pleine possession de ses moyens intellectuels" par l’expert psychiatrique. Mais, contrairement à Aïkel, son casier judiciaire était vierge.


Anaïs Condomines

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