Après les attentats de Paris, "l'histoire d'un père et d'un fils qui s'élèvent seuls"

Publié le 13 avril 2016 à 15h10
Après les attentats de Paris, "l'histoire d'un père et d'un fils qui s'élèvent seuls"

LIVRE – Comme 89 autres personnes, Hélène Muyal-Leiris a perdu la vie au cours de l'attaque perpétrée au Bataclan le 13 novembre 2015. Elle avait 35 ans, et un petit garçon de 17 mois. Son mari, Antoine Leiris, livre un récit poignant sur les douze jours qui ont suivi sa mort.

Ils n'auront pas sa haine. Par trois fois, lui, a fait couler mes larmes. La première fois, le 16 novembre 2015 quand j'ai découvert son post sur sa page Facebook intitulé "Vous n'aurez pas ma haine" . Quelques lignes qui ont fait le tour de la planète, la Une du Monde et de Der Spiegel et qui ont été partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux. 

S'adressant, sans jamais les nommer, aux terroristes qui ont fait 130 morts et 352 blessés le 13 novembre 2015 à Paris, Antoine Leiris écrivait quelques mots débutant ainsi : "Vendredi soir, vous avez volé la vie d'un être d'exception, l'amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n'aurez pas ma haine". Trois jours plus tôt, l'ancien chroniqueur culturel à France Info et France Bleu avait perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, 35 ans, au cours de l'attaque du Bataclan.

Cinq mois après la perte de celle qu'il aimait tant, il publie aux éditions Fayard "Vous n'aurez pas ma haine", récit des douze jours qui ont suivi le drame qui a bouleversé sa vie. Tiré à 50.000 exemplaires et déjà classé dans les meilleures ventes, traduit en dix-huit langues, cet ouvrage court raconte comment le trentenaire a dû gérer l'impensable. 139 pages pleines de tendresse, d'amour et d'émotion, dont la lecture, encore une fois, a fait couler par deux fois mes larmes.

Le deuil, le manque et le chagrin

Antoine et Hélène s'étaient rencontrés il y a un peu plus de douze ans. Quand elle s'en est allée le 13 novembre 2015, leur petit garçon Melvil n'avait que 17 mois.

Ce vendredi devenu maudit, elle était partie, comme des centaines de fans, voir le live des Eagles of Death metal au Bataclan dans le 11e arrondissement de Paris. Maquilleuse coiffeuse pour des photographes ou pour le cinéma, cette "brune à la peau de lait", élégante et coquette, a été assassinée à la kalachnikov. Elle aimait la musique et la vie. Mais plus que tout, elle aimait son mari et son fils. Un amour fusionnel mis à feu et à sang par des barbares.

Sans elle, Antoine devra continuer à vivre. Pour elle, il devra continuer ce qu'elle avait commencé pour leur petit garçon : sauter les pages qui font peur dans les livres pour rendre les histoires plus jolies, continuer la playlist musicale qu'elle avait débutée pour leur petit garçon, avec notamment, "Le temps de l'amour" de Françoise Hardy ou "Berceuse à Frédéric" de Bourvil, préparer les repas de son petit garçon, le conduire à la crèche puis bientôt à l'école, et un jour… lui expliquer.

Ensemble, à Montmartre

Antoine Leiris a passé la nuit du 13 novembre à chercher Luna-Hélène. Il n'apprendra que le 14 novembre à 20 heures qu'elle n'est plus là. "Quelques hommes en colère ont fait entendre leur verdict à coups d'armes automatiques. Pour nous, ce sera la perpétuité", écrit-il.

Le 16 novembre, il est allé embrasser sa femme une dernière fois à l'institut médico-légal de Paris. "Elle est aussi belle qu'elle l'a toujours été" écrit-il après avoir vu son visage. "Je pleure, lui parle, j'aimerais rester une heure encore, une journée au moins, une vie peut-être. Mais il faut la quitter. La lune doit se coucher. Le soleil, ce 16 novembre, se lève sur notre nouvel 'il était une fois…'. L'histoire d'un père et d'un fils qui s'élèvent seuls, sans l'aide de l'astre auquel ils ont prêté allégeance".

Le 24 novembre, Antoine Leiris a choisi de ne pas emmener son fils à l'enterrement. - "Melvil est trop petit pour m'accompagner". Il a écrit une lettre, au nom de son fils. Une lettre pour sa maman, qu'il ne reverra pas.

Le lendemain des obsèques, les deux garçons sont retournés à la division n°X du cimetière Montmartre à Paris sur la tombe couverte de roses et de lys blancs. "Toute ma vie est sous mes pieds", commente Antoine Leiris. Malgré le chagrin, malgré la douleur, malgré l'absence, "Nous serons toujours trois", assure-t-il. Une belle leçon de vie.

Vous n'aurez pas ma haine d'Antoine Leiris, éditions Fayard, 139 pages, 12,90 euros

EN SAVOIR +
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Aurélie SARROT

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