Assaut du 18 novembre 2015 contre les terroristes : comment Saint-Denis tente de redorer son blason

par Youen TANGUY
Publié le 17 novembre 2016 à 5h00
Assaut du 18 novembre 2015 contre les terroristes : comment Saint-Denis tente de redorer son blason
Source : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

IMAGE - Sujette aux critiques, médiatiques et politiques, la ville de Saint-Denis, où a lieu l'assaut contre plusieurs terroristes le 18 novembre 2015, contre-attaque. Une série de cinq mini-documentaires sera présentée au grand public courant janvier.

Dimanche dernier, un an après, Saint-Denis a commémoré le triste premier anniversaire des attentats du 13 novembre 2015. Ce soir-là, trois terroristes s'étaient fait exploser devant le Stade de France, situé sur la commune, faisant un mort et 56 blessés. Cinq jours plus tard, le Raid lançait l'assaut contre un appartement de la ville où s'étaient retranchés trois terroristes présumés, dont Abdelhamid Abaaoud. Des évènements qui ont, depuis un an, largement entaché l'image de la ville. 

VIDÉO ARCHIVES - Le récit minute par minute de l’assaut de Saint-DenisSource : JT 20h Semaine
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Au printemps dernier, Le Figaro Magazine avait ainsi provoqué la colère des Dionysiens en faisant de Saint-Denis un "Molenbeek-sur-Seine", en proie à la radicalisation et au communautarisme. Au mois d'août, Jean-Pierre Chevènement avait lui aussi provoqué un tollé en affirmant qu'il y avait "135 nationalités à Saint-Denis", mais qu'il y en avait une "qui avait quasiment disparu". Une référence sans détour à la nationalité française. 

"Cela m’a estomaqué que l’on montre Saint-Denis de manière aussi caricaturale", s'emporte Fadela Benrabia, préfète de Seine-St-Denis déléguée pour l'égalité des chances, interrogée par LCI. "Ce n’est pas parce que la Seine-Saint-Denis est caractérisée par une importante présence de populations d’origine africaine, maghrébine et souvent de confessions musulmanes que ça y est, c’est Molenbeek".

Montrer une autre image de Saint-Denis sans tomber dans l'angélisme
Lahoucine Grimich, chef de projet

Pour tenter d'enrayer le phénomène, la ville de Saint-Denis a décidé d'agir. "Depuis le 13 novembre, on s’en prend plein la tronche régulièrement, déplore Clément Aumeunier, directeur de la communication à la mairie. "Même si nous ne sommes pas dans le déni des choses qui vont mal,  nous voulons vraiment montrer que l’avenir s’écrit ici et que nous sommes fiers de notre ville". Dans cette optique, la municipalité a commandé plusieurs documentaires à une société de production dionysienne, De l'autre côté du périph. "Le projet est l'aboutissement d'une réflexion menée par le cabinet du maire, qui est venu vers nous", détaille Lahoucine Grimich, le chef de projet chargé du dossier à De l'autre côté du périph.

Selon la production, l'idée est de montrer "une autre image de Saint-Denis, sans pour autant tomber dans l'angélisme". "Les gens ne nous disent pas tout est beau et que tout est joli", détaille Lahoucine Grimich. Nous avons décidé de proposer une petite série de sujets sur différentes problématiques". En tout, cinq documentaires seront ainsi produits sur cinq grand thèmes : le développement économique et l’emploi, la jeunesse, l'éducation, le métissage, les solidarités.

Mais attention, pas question de montrer des élus. "Pour ce documentaire, nous avons sollicité deux personnes par sujet, très actives dans la vie de Saint-Denis", explique Lahoucine Grimich. Nous avons par exemple interrogé un slamer, une architecte, deux entrepreneurs, deux retraités…Nous avons aussi réalisé des micros-trottoirs auprès de différentes personnes, avec des très jeunes et des beaucoup moins jeunes". Au total, il aura fallu un mois de préparation, six jours de tournage et plusieurs semaines de montage pour réaliser ces documentaires.

Des hommages les 18 et 19 novembre

Ces courts-métrages de cinq minutes chacun devaient être présentés le 23 novembre prochain lors d'une soirée organisée à la maire de Saint-Denis. Finalement, ce sera plutôt au mois de janvier. En cause : "un rendu non satisfaisant". "La musique de fond était oppressante et cela manquait de vie. Ce n'était pas du tout l’esprit qu’on cherchait", souligne un élu de la Ville. Avant de tempérer : "Il ont envie de bien faire et les moyens ont été mis. Mais il faut dire que ce n'est pas une commande habituelle". 

Du coup, la diffusion interviendra bien après l'anniversaire des attentats du 13 novembre et de l'assaut du 18. Ce n'est pas un problème, estime ce même élu : "Au mois de janvier, le Saint-Denis bashing sera toujours là". Autre argument, il assure que la plupart des sinistrés du 48 rue de la République (ndlr : ces habitants touchés par l'attaque des policiers contre Abdelhamid Abaaoud dans le centre de Saint-Denis) ne seront toujours pas relogés et qu'il restera du travail à faire sur le sujet.

Outre les plaques qui ont été dévoilées ce dimanche sur les lieux des attaques du 13 novembre, une initiative citoyenne sera également organisée le 18 novembre sur les lieux de l'assaut contre les terroristes. "Une exposition photo dans les rues montrera les moments forts de l’année passée", annonce Simon Le Her, de l'association Droit au Logement. De son côté, la mairie nous indique qu'un temps "fraternel" sera organisé le 19 novembre avec les sinistrés du 48 avenue de la République. Un jour après l'anniversaire de l'assaut. Mais peu importe la date, nous explique l'un des sinistrés. "Du moment que l'on n'oublie pas Saint-Denis."

Attentats du 13 novembre : comment les élèves de Saint-Denis ont-ils vécu les attaques ?Source : Les vidéos infos
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Youen TANGUY

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