Attentats de Paris : la fuite rocambolesque d’Abdelhamid Abaaoud

Publié le 31 décembre 2015 à 17h33
Attentats de Paris : la fuite rocambolesque d’Abdelhamid Abaaoud

RECIT – Selon les derniers éléments de l’enquête dévoilée par Le Monde, les dernières heures du djihadiste belge apparaissent décousues. On apprend également que l’organisateur présumé des attaques et sa cousine, qui était amoureuse de lui, n'ont été touchés par aucun des 5.000 tirs du Raid, lors de l'assaut du squat de Saint-Denis.

Un "buisson conspiratif". Ce sont les termes utilisés par les enquêteurs pour qualifier le talus d’Aubervilliers où Abdelhamid Abaaoud et son complice éliront domicile durant quatre nuits après les attaques de Paris. Un abri de fortune, symbole d’une cavale en grande partie improvisée, selon le récit publié par Le Monde ce jeudi.

Après avoir abandonné leur voiture à Montreuil et être revenus en métro sur les lieux des attentats, "comme aimantés par leur scène de crime", précise le quotidien, les deux hommes prennent la direction d’Aubervilliers. Ou plus précisément, dans une zone industrielle en contrebas de l’A86 où ils vont rester quatre nuits, donc. Sur place, le butin retrouvé par les enquêteurs est sommaire : "Un emballage de Bounty, une canette d’Oasis, une bouteille d’eau et une pile 9 volts entourée d’adhésif gris avec un fil électrique dépassant à la base." Un deuxième abri, sur la gauche, semble servir de chambre : il contient un matelas en mousse et "un semblant de tête de lit résultant d’un bricolage", relate encore Le Monde.

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"Je ne vais pas tout t’expliquer, t’as vu ce qui se passe à la télé"

Afin de planifier une nouvelle attaque, les deux terroristes font appel à un contact en Belgique, non identifié à ce jour. Ce dernier va alors passer un coup de fil à la cousine d’Abdelhamid Abaaoud le dimanche soir, vers 20h30 : "Il faut que tu ailles chercher un frère pour le cacher 48 heures, un ou deux jours pas plus. Je ne vais pas tout t’expliquer, t’as vu ce qui se passe à la télé." La jeune femme ne sait pas encore qu’il s’agit de son cousin, dont elle est amoureuse et avec lequel elle a failli se marier à l’âge de 16 ans.

Grâce au contact belge, la jeune femme retrouve la cache de son cousin. Celui-ci se vante alors d’être à la tête d’un groupe de 90 kamikazes, résidant en banlieue parisienne, et prêts à passer à l’action durant les fêtes. S’en suit un dialogue improbable entre le djihadiste et une personne accompagnant Hasna Aït Boulahcen : "Mais vous avez tué des innocents." - "Il faut voir ce qu’ils font chez nous." - "Mais vous avez tué des musulmans !" - "C’est des dommages collatéraux, qu’est-ce qui garantit que c’était des bons musulmans ?".

250 appels en quelques heures pour trouver une planque

La jeune femme déploie toute son énergie pour trouver une planque pour son cousin. Selon les enquêteurs, elle passera 248 appels et 310 messages jusqu'à sa mort. Une relation racontera aux policiers un appel dans la nuit du 15 au 16 que la jeune femme lui aurait demandé de "loger un frère", proposant "en échange une relation sexuelle". Grâce à un intermédiaire, elle parvient à trouver une planque à Saint-Denis. Mais dès le lendemain, les policiers la repèrent.

C’est là que le Raid lancera son assaut, le 18 novembre à 4 heures du matin. Malgré le déluge de feu, le terroriste et sa cousine ne sont pas touchés. "Aucun des 5.000 tirs que le RAID affirme avoir effectués durant l’opération n’a atteint sa cible", précise en effet le rapport d’autopsie dont Le Monde a eu une copie. Celui-ci relève un détail étonnant sur le corps du jeune homme : "Un rasage de la jambe droite, contrairement à la jambe gauche." Sa cousine, elle, mourra asphyxiée sous les décombres.

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La rédaction de TF1info

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