Ayélé, caissière licenciée pour une erreur de 35 euros : "Ils ne voulaient pas avoir ma fausse couche sur le dos"

Anaïs Condomines
Publié le 25 octobre 2016 à 16h29
Ayélé, caissière licenciée pour une erreur de 35 euros : "Ils ne voulaient pas avoir ma fausse couche sur le dos"
Source : Sipa Press

MOBILISATION – Caissière de 33 ans à La Courneuve, Ayélé a été licenciée, officiellement pour une erreur de caisse de 35 euros, quelques mois après avoir fait une fausse couche sur son lieu de travail. Avec le soutien de la CGT, elle conteste son renvoi et affirme que ses conditions de travail non adaptées sont en cause dans la perte de son bébé.

Sans enfant à naître et désormais sans emploi. En l’espace de quelques mois, Ayélé, 33 ans, a tout perdu. Caissière depuis un an et demi dans un supermarché de La Courneuve, O'Marché Frais, elle est enceinte d’environ 4 mois, ce 8 juin 2016, lorsqu’elle subit une fausse couche. "J’étais en train de transporter des pastèques au magasin quand la poche des eaux s’est rompue", se souvient douloureusement celle qui, deux mois après son retour de convalescence, vient d’être licenciée pour une "erreur de caisse" de 35 euros. 

Une coïncidence… qui n’en est pas vraiment une, selon la jeune femme. "Je reconnais l’erreur de caisse, mais je pense aussi que c’était un prétexte", précise-t-elle à LCI ce mardi 25 octobre. "La propriétaire du magasin m’a expliqué qu’elle me licenciait pour cette raison, mais surtout parce qu’elle ne supportait pas les rumeurs selon lesquelles j’aurais perdu mon bébé à cause des conditions de travail dans le supermarché. Ils ne voulaient pas avoir ma fausse couche sur le dos."

"La douleur de l'enfant perdu"

Epinglées par la CGT de La Courneuve, les conditions de travail de la jeune caissière sont en effet au cœur d’un vif débat. "Ayélé était en train de porter une charge lourde lorsque la poche des eaux s’est rompue. Par ailleurs, on lui faisait le reproche d’être trop lente pendant sa grossesse. C’est une forme d’humiliation…", estime Moussa Diakhaté, membre du bureau exécutif. "On me convoquait pour me montrer des images de la vidéosurveillance et me dire que je travaillais trop lentement", assure également la jeune femme, qui décrit un quotidien au travail "fatiguant". "Toutes les caissières faisaient des extras, comme le nettoyage des WC du magasin et des vestiaires."

Aujourd’hui, Ayélé tente de garder la tête hors de l’eau. "Je suis dans une angoisse totale. Moralement, c’est très difficile. J’ai des images qui me reviennent et je ressens la douleur de l’enfant perdu. En plus, j’avais pris cet appartement plus grand pour accueillir mon bébé. Maintenant j’ai perdu mon travail et je me retrouve avec un loyer plus cher." Mais la jeune femme assure être prête à "aller jusqu’au bout" pour faire reconnaître ce qui, à ses yeux, constitue un "licenciement abusif". En amont d’un rassemblement prévu à La Courneuve jeudi 27 octobre, l’union locale du syndicat annonce d’ores et déjà à LCI sa volonté de saisir les Prud’Hommes et, parallèlement, de lancer une procédure pour "faute inexcusable de l’employeur" auprès du tribunal des affaires de sécurité sociale. 

Droits du travail non respectés ?

De son côté, l’association "Femmes solidaires" a lancé une pétition de soutien, devant une situation qu'elle juge "injuste" et "inacceptable". "Son droit au travail n’a pas été respecté", constate Gwendoline, une porte-parole, auprès de LCI. "En cas de grossesse, l’employeur doit aménager le poste de la femme enceinte. Or, Ayélé continuait à porter des produits lourds." Et la militante de conclure : "Dans cette affaire, il y a plusieurs niveaux de violence. Par ce licenciement, on a fragilisé et aggravé la précarisation d’une femme en situation de vulnérabilité." 

Contactés ce mardi 25 octobre, les propriétaires de l’enseigne n’ont pas encore répondu à nos sollicitations.


Anaïs Condomines

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