"Baisse record" du trafic automobile à Paris, selon la mairie : que disent les chiffres ?

Publié le 3 juin 2018 à 14h18
"Baisse record" du trafic automobile à Paris, selon la mairie : que disent les chiffres ?
Source : PHILIPPE LOPEZ / AFP

MOBILITE - Selon une info du JDD, la Ville de Paris revendique une baisse de 6.5% du trafic entre janvier et mai 2018, par comparaison à la même période de l'année précédente. Ses services s'appuient sur les 723 capteurs installés sur la chaussée parisienne. Que nous disent ces capteurs ?

Alors qu'Anne Hidalgo est attaquée sur les bouchons qui s'accumulent aux portes de la capitale, la mairie de Paris sort ses chiffres. Selon les données transmises au JDD par la Direction de la voirie et des déplacements, le trafic automobile intramuros (ce qui exclut le périphérique) a diminué de 6.5% lors des cinq premiers mois de l'année 2018, par comparaison avec la même période de 2017. 

Pour étayer cette "baisse record", la municipalité s'appuie sur les 723 capteurs installés en permanence sur la chaussée, qui permettent d'estimer le débit de circulation moyen, sans prendre en compte le temps de parcours ou l'encombrement de la voirie. D'après le JDD, les derniers chiffres font apparaître une évolution sensible, à savoir, pour le mois de février par exemple, 705 véhicules par heure et par kilomètre contre 796 l'année passée (- 11.4%). Au début de l'année, Anne Hidalgo avait déjà vanté une baisse du nombre de voitures en circulation en 2017, de 4.8% par rapport à 2016. 

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Débit en baisse

Les données de ces fameux capteurs permanents sont mises à disposition du public au fur et à mesure en Opendata. Si la consultation des résultats est un peu aride, les outils d'analyse permettent de se faire une idée de l'évolution moyenne de l'ensemble du trafic, mois par mois, année par année. 

Contrairement aux chiffres dévoilés par le JDD, ces données intègrent aussi au bilan le boulevard périphérique, qui est l'un des axes les plus saturés de la capitale. Elles montrent que le débit observé (nombre de véhicules ayant passé le point de comptage en une heure) a très légèrement baissé entre 2014 et 2016 (de 854 à 851 véhicules par heure). Cette baisse s'est ensuite accentuée entre 2016 et 2017 (près de - 6%), pour ralentir à nouveau entre 2017 et 2018 (- 1.1%). 

En variation mensuelle, on observe aussi que le débit peut être particulièrement fluctuant selon la période de l'année, même si la tendance générale est à la baisse. 

Un "taux d'occupation" variable

Autre élément à prendre en compte : les capteurs ne calculent pas seulement le débit des automobiles en circulation. Ils permettent également de mesurer le "taux d'occupation", qui correspond au temps de présence de véhicules sur la boucle concernée, sur une heure. Il permet de se faire une idée, en somme, de la congestion routière. Sur ce graphique (avec les mois comme unité), plus la courbe  est élevée, plus il y a de bouchons. 

Or en la matière, il est difficile d'affirmer que le trafic se fluidifie. En matière de congestion, ce serait plutôt la stagnation. Après avoir augmenté de 0.31% entre 2014 et 2016, selon les données publiées, le taux d'occupation a diminué à nouveau de 0.29% entre 2016 et 2018. Là encore, l'évolution mensuelle fait apparaître d'importantes variations selon la période de l'année. Une cartographie des capteurs permet de se faire une idée des axes qui font l'objet de mesures.

Selon un bilan réalisé par l'Apur et l'IAU-IDF, le trafic a diminué de 31% à Paris intramuros entre 2001 et 2015. Reste à savoir si les véhicules ont tous disparu de la circulation, ou si certains ont simplement changé d'itinéraire. 


La rédaction de TF1info

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