Cash investigation sur les pesticides : c'est quoi le chlorpyriphos-éthyl, cette molécule décriée ?

Publié le 3 février 2016 à 8h15
Cash investigation sur les pesticides : c'est quoi le chlorpyriphos-éthyl, cette molécule décriée ?

SANTE PUBLIQUE - Le chlorpyriphos-éthyl pourrait voir son usage réduit ou arrêté cette année en France, a promis le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll dans Cash Investigation sur France 2, diffusé ce mardi soir. Zoom sur cette molécule, soupçonnée d'altérer le cerveau de l'enfant.

Ce mardi soir, Cash Investigation sur France 2 se penche sur l'utilisation des pesticides en France, la plus grande consommatrice en la matière du continent européen. En moyenne, 65.000 tonnes de produits phytosanitaires sont achetées chaque année pour traiter les champs, vergers et vignes de l'Hexagone.

Présent dans de nombreux pesticides utilisés en agriculture : le chlorpyriphos-éthyl. "Cette substance est dangereuse", a reconnu le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, interrogé par l'équipe de l'émission d'investigation. Il a assuré que son usage devrait être restreint, voire interdit . Mais quelle est la réalité de cette molécule et son niveau de dangerosité ? Eléments de réponse.

C'est quoi ?
Le chlorpyriphos-éthyl est un insecticide qui vise à lutter contre certaines chenilles dans les plantations de blé, de colza ou encore les vignes. Cette molécule entre dans la composition de quatre produits largement utilisés dans l'agriculture en France, préconisés notamment pour traiter les abricotiers, les crucifères oléagineuses (colza), pêchers, poiriers, pommiers et vignes.

Quelle est sa dangerosité pour l'homme ?
Ce neurotoxique est jugé par plusieurs études comme dangereux pour le développement cérébral des enfants in utero. Ainsi, des chercheurs ont constaté aux Etats-Unis des anomalies importantes sur le développement du cerveau d'enfants dont les mères avaient été exposées à cette molécule pendant leur grossesse. Les résultats de leur étude ont été publiés en avril 2012 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), l'académie américaine des sciences. En outre, le chlorpyriphos est fortement suspecté par l'Endocrine Society (17.000 chercheurs) de déclencher des syndromes autistiques chez les enfants.

Par ailleurs, cette molécule "peut induire des pathologies type attaques neurologiques, maladie de Parkinson chez les agriculteurs, il est aussi soupçonné d’être un perturbateur endocrinien", explique François Veillerette, le fondateur de l’association Générations futures, interrogé par 20minutes.fr .

Quelle réglementation ?
Son usage domestique uniquement est interdit en France, depuis 1995. Dans Cash Investigation, Stéphane Le Foll explique que son éventuelle interdiction ou restriction sera fonction des résultats d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses): "En fonction, ce produit verra ses usages au mieux réduits, et pour certains, complètement arrêtés", a déclaré le ministre de l'Agriculture.

L'Anses, qui décide depuis mi-2015 de la mise sur le marché des phytosanitaires s'est saisie après que l'agence européenne (Efsa) a revu à la baisse les valeurs admissibles de ce neurotoxique. Son évaluation devrait être publiée fin février, début mars. "La baisse des valeurs toxiques de référence (au niveau européen) va probablement conduire à limiter grandement le nombre d'usages", prévoit le directeur général adjoint des affaires scientifiques de l'Anses, le professeur Gérard Lafargues , interrogé par l'AFP. Le ministre Le Foll a promis de diminuer d'un quart l'utilisation des pesticides d'ici... à 2050.

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La rédaction de TF1info

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