Charlie Hebdo : "J'allais partir quand les tueurs sont entrés"

ATTENTAT - Le journaliste Philippe Lançon était avec Charb, Cabu, Bernard Maris et les autres membres de la rédaction de Charlie Hebdo lors de l'attaque de la semaine dernière. Gravement blessé à la mâchoire, il raconte ce dont il se souvient dans Libération mercredi.
Blessé, allongé parmi ses autres compagnons de Charlie Hebdo touchés par balles, Philippe Lançon ne se souvient que des "jambes noires" des tueurs. Une semaine après l'attentat contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique, le journaliste (gravement blessé à la mâchoire) raconte sa version des événements mercredi dans Libération - quotidien auquel il collabore aussi depuis 21 ans.
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"J'allais partir quand les tueurs sont entrés", raconte-t-il. "Nous étions tous là parce que nous étions libres, ou voulions l'être le plus possible, parce qu'on voulait rire et nous affronter sur tout, à propos de tout, une petite équipe homérique et carnassière, et c'est justement cela que les hommes en noir, ces sinistres ninjas, ont voulu tuer".
"J'ai fait le mort"
Philippe Lançon a eu plus de chance, si l'on peut dire. Les tueurs ne l'ont pas épargné, mais il n'est pas mort ce jour là : "La différence [...] n'a tenu qu'à quelques centimètres dans les trajectoires des balles et à nos places respectives quand les hommes aux jambes noires sont rentrés. Moi, j'ai fait le mort en pensant que peut-être je l'étais ou le serais bientôt".
"Tandis que les pompiers arrivés me soulevaient sur un fauteuil à roulettes de la conférence", écrit-il avec les trois doigts émergeant de ses bandelettes, "j'ai survolé les corps de mes compagnons morts, Bernard, Tignous, Cabu, Georges, que mes sauveteurs enjambaient ou longeaient, et soudain, mon Dieu, ils ne riaient plus".
Les djihadistes français au cœur de la conférence de rédaction
Ironie de l'histoire, la conférence de rédaction tournait ce jour-là autour du sujet des djihadistes français. "Tignous ne les justifiait absolument pas, mais en vrai gars de la banlieue, en rescapé de la pauvreté, il se demandait ce que la France avait vraiment fait pour éviter de créer ces monstres furieux et il piqua une formidable et sensible gueulante en faveur des nouveaux misérables". En tuant ou blessant ces journalistes, les deux terroristes n'auront finalement pas réussi à les faire taire.
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