Chute géante sur le Tour de France : la spectatrice "cherchait à adresser un message à ses grands-parents"

A.S
Publié le 1 juillet 2021 à 18h11, mis à jour le 2 juillet 2021 à 10h30
Chute géante sur le Tour de France : la spectatrice "cherchait à adresser un message à ses grands-parents"
Source : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP / POOL

FAIT DIVERS - Le procureur de la République de Brest Camille Miansoni a donné ce jeudi une conférence de presse, au lendemain du placement en garde à vue d'une femme soupçonnée d'être à l'origine de l'accident durant la première étape du Tour de France.

Sa casquette verte, son ciré jaune, et surtout sa pancarte "Allez-Opi-Omi" ont marqué les esprits. En tenant son bout de carton sur la première étape du Tour de France samedi dernier à hauteur de Saint-Cadou dans le Finistère, cette spectatrice n'imaginait pas qu'elle ferait très rapidement la Une des journaux.  Ce 26 juin, sa pancarte a été percutée par l'Allemand Tony Martin, lequel a entraîné dans sa chute de nombreux coureurs. Plusieurs d'entre eux, notamment l'Allemand Jasha Sutterlin (DSM), ont dû abandonner après cet accident.  Une enquête de flagrance avait été ouverte par le parquet de Brest et confiée à la brigade de gendarmerie de Landerneau. Un appel à témoins avait aussi été lancé. Plusieurs dizaines de témoignages ont été recueillis après ces faits. 

Formellement identifiée, cette femme de nationalité française, âgée de 30 ans et domiciliée avec son compagnon à quelques kilomètres du lieu de l'accident, devait être interpellée mercredi 30 juin par les gendarmes. Elle s'est finalement présentée d'elle-même en fin de matinée mercredi à la gendarmerie de Landerneau avec son conjoint.  La trentenaire a été placée en garde à vue à 13h30 pour des faits de "mise en danger d'autrui par manquement délibéré à une obligation de prudence et de sécurité imposée par la loi ou le règlement" et pour des faits de "blessures involontaires avec incapacité n'excédant pas trois mois". La garde à vue a été prolongée ce jour afin de permettre la finalisation des actes en cours. 

"Cette femme et son compagnon, lui aussi présent au moment des faits et entendus comme elle par les enquêteurs, ont expliqué  que la mise en cause cherchait à adresser à travers la télévision un message affectueux à l'attention de ses grands-parents, spectateurs inconditionnels et assidus du Tour de France, a détaillé ce jeudi le procureur de la République de Brest Camille Miansoni au cours d'une conférence de presse. L'inscription Allez Opi-Omi signifierait allez papy-mamy, Opi-Omi étant semble-t-il des mots usuels en langue allemande pour désigner papy et mamy, la grand-mère de la mise en cause étant d'origine allemande". 

"Sentiment de honte et de peur"

Depuis l'événement, la mise en cause a exprimé "un sentiment de honte et de peur face aux conséquences de son acte". "Elle se dit angoissée par le retentissement médiatique de ce qu'elle appelle sa 'bêtise", a informé le magistrat expliquant qu'elle s'était présentée tardivement à la gendarmerie après avoir eu besoin d'un "temps de recul". "Elle ne pensait pas que cela pouvait avoir un impact aussi important et semble dépassée par l'étendue de l'impact en terme d'ordre public mais aussi médiatique de cet événement", a t-il ajouté. 

À l'issue de la garde à vue de la jeune femme, une décision d'orientation sera prise. Celle-ci sera proportionnée à la gravité des faits et à la personnalité de l'auteur, qui n'est pas connue des services de police ni de justice. "Elle n'a jamais fait l'objet de poursuite", a souligné le procureur. 

"Ne pas procéder à un lynchage médiatique"

Le colonel Nicolas Duvinage, commandant du groupement de gendarmerie de Brest  et présent aux côtés du magistrat a, lui,  rappelé que 800 gendarmes étaient engagés sur la sécurité du Tour de France dans le Finistère. "Suite aux dépôts de plainte du groupe Amaury et du Tour de France, un petit groupe d'enquêteurs a été mis en place, avec quatre  enquêteurs mobilisés sur cette affaire", a précisé le militaire. Avant d'ajouter : "nous avons mis des moyens sur cette enquête mais pas des moyens disproportionnés comme j'ai pu parfois l'entendre". 

"Je voulais appeler au calme notamment sur les réseaux sociaux puisque le compte Facebook de la gendarmerie, suite à notre appel à témoins qui est désormais clos, a reçu plus de 4.000 commentaires. Certains tout à fait utiles, d'autres beaucoup moins. Certains frisant même l'appel à la violence. Il est donc important de garder la tête froide sur cette affaire, a-t-il souligné. Nous avons certes un coureur cycliste qui a une ITT de 15 jours ce qui n'est pas rien avec des conséquences professionnelles. Il y a eu manifestement un trouble à l'ordre public sur les réseaux sociaux et médiatiques, ce qui nécessitait un engagement de la gendarmerie, pour autant, il convient de rester calme et raisonnable sur les réseaux sociaux. La personne mise en cause a par ailleurs des fragilités personnelles et il convient de ne pas procéder à un lynchage médiatique sur les réseaux sociaux". 

Le Tour de France a retiré sa plainte

Ce jeudi, le Tour de France a retiré sa plainte contre la spectatrice.  "Cela a pris des proportions folles", a déclaré à l'AFP le directeur du Tour Christian Prudhomme."Nous voulons apaiser les choses et surtout que le message passe auprès du public. Il s'agit de rappeler les mesures de précaution sur la route du Tour. Il faut que chacun se calme", a ajouté ce dernier. 

Interrogé sur les conséquences possibles pour cette femme après ce geste, le procureur de la République a fait savoir que "les poursuites pour les infractions retenues ne sont pas subordonnées au maintien ou non de la plainte". "Les plaintes ont été déposées par la société Amaury et par le Tour de France mais il y a d'autres victimes qui sont des personnes physiques. Celles-ci peuvent se constituer parties civiles si elles le souhaitent, si elles se considèrent comme ayant subi un préjudice et si elles consiédèrent pouvoir solliciter une réparation de ce préjudice. L'une des plaintes a été retirée mais ça ne change rien à la réalité des infractions qui ont été relevées et qui pourraient être poursuivies" a-t-il dit. 

La mise en cause encourt une peine maximum de deux ans d'emprisonnement. 


A.S

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