Classes fermées pour Covid à la rentrée : la peur de la grande pagaille

par Laure GIUILY
Publié le 23 avril 2021 à 18h50, mis à jour le 24 avril 2021 à 15h29
Une classe parisienne de primaires à l'heure du coronavirus.
Une classe parisienne de primaires à l'heure du coronavirus. - Source : Anne-Christine POUJOULAT / AFP

ÉPÉE DE DAMOCLÈS - Dès le premier cas de covid détecté, une classe entière devra fermer. Une mesure stricte, soutenue par les enseignants, mais qui, avec l'arrivée massive des autotests et des tests salivaires pourrait provoquer une cascade de fermetures désordonnées.

"Il est largement préférable d'avoir 1% des classes de France qui ferment que 100% des écoles."  Pour éviter de fermer tous les établissements de France, Jean-Michel Blanquer préfère les mesures ciblées :  désormais une classe fermera pour une semaine dès la détection d'un cas de Covid. La mesure drastique, combinée à un dépistage massif des élèves, doit briser les chaines de contaminations dans les écoles. Mais elle risque de provoquer des fermetures en cascade. 

Déjà initiée une semaine avant la fermeture des écoles le 2 avril dernier, cette mesure avait triplé le nombre de classes fermées en seulement sept jours. La semaine du 26 mars 148 établissements étaient fermés primaires et secondaires confondues et 3.256 classes. Le 2 avril, une semaine après la mise en place de la fermeture des classes dès un cas, le Ministère recensait 11.272 classes fermées et 229 établissements. 

"Une épée de Damoclès" au-dessus de la tête des parents

Ghislaine Morvan-Dubois, la présidente de l'association des parents d'élèves (FCPE) de Paris, ne cache pas son inquiétude et redoute les conséquences de cette mesure pour le parcours scolaire des élèves  : "On a vu ce qu'il s'est passé avant les vacances lorsque plus de 700 classes ont fermé à Paris. C'est très difficile de mettre en place un enseignement à distance du jour au lendemain sans y être préparé." 

"Les professeurs n'ont pas toujours le matériel suffisant et ils doivent en plus jongler entre leurs cours en présentiel et ceux à distance", regrette-t-elle encore. en réclamant "de toute urgence, des moyens matériel pour que les professeurs puissent faire leur travail et des remplaçants pour ceux qui sont malades."

Les parents ne sont pas formés pour faire l'école à la maison
Ghislaine Morvan-Dubois

La représentante des parents d'élèves s'inquiète également "des conditions d'accueil" des élèves pour la rentrée. "Est-ce que les salles seront correctement aérées, les cantines seront-elles doublées comme on le demande depuis des mois ?" Des mesures de précautions sanitaires sans lesquelles "toutes les classes risquent de fermer les unes après les autres." Selon elle, à ce rythme, un cas suffirait pour faire fermer une école en quelques semaines. 

Autre point et pas des moindres mis en avant par Ghislaine Morvan-Dubois : quid des parents ? "Ils ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête", chaque matin pour savoir si la classe de leur enfant sera ouverte ou non. "Non seulement c'est difficile en terme d'organisation professionnelle", car il faut être disponible pour aider les enfants à suivre leurs cours en ligne ou à faire leurs devoirs, "mais en plus les parents ne sont pas formés pour faire l'école à la maison, c'est un métier qui s'apprend."

Soulagement et incertitudes pour les enseignants

Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-Fsu, redoute des fermetures en cascade une semaine ou deux à peine après la rentrée. "Normalement les enfants devraient revenir non contaminés de leurs vacances ou ceux qui le seront, resteront chez eux et après le temps de mettre en place les tests, ça ne se fera pas tout de suite", développe la porte-parole. "A la rentrée du mois de janvier, 9 classes étaient fermées dans toute la France, deux semaines plus tard on en comptait 138 et ensuite cela n'a fait qu'augmenter."

Cette dernière salue l'initiative demandée depuis longtemps par les syndicats d'enseignants. "Fermer les classe dès le premier cas est le seul moyen de casser efficacement cette chaine de contamination", affirme la secrétaire générale adjointe du syndicat de l'enseignement secondaire, SNES-FSU, Sophie Venetitay. "Ce qui nous importe, c'est que la reprise se fasse dans des conditions sécurisées et que ça ne flambe pas dans les établissements", confie-t-elle. 

Un soulagement pour les professeurs, même si de nombreuses incertitudes demeurent quant à l'application effective de cette mesure. "Encore faut-il que les enfants soient testés régulièrement et que les parents fassent bien tester leurs enfants au moindre doute", explique Guislaine David. 

Des tests réguliers. C'est ce à quoi s'est engagé Jean Castex. Pour les écoles élémentaires, 400.000 tests salivaires seront proposés chaque semaine à la rentrée, "avec la perspective d'atteindre 600.000 tests d'ici à la mi-mai", a détaillé le Premier ministre. Pour le secondaire, 64 millions d'autotests ont été commandés. "Ils seront proposés à tous les personnels de l'Éducation nationale dès la semaine prochaine, puis à tous les lycéens à partir de la semaine du 10 mai."

Là aussi, les syndicats d'enseignants saluent cette annonce, mais estiment, pour autant, que rien n'a été fait pour préparer la mise en place de ces millions de tests. "Nous parlions déjà des autotests il y a un mois, on avait demandé s'ils seraient faits dans l'établissement, avec ou sans professeurs, faudra-t-il un test PCR pour confirmer le résultat. Nous avons posé des tas de questions pour anticiper et aujourd'hui nous n'avons toujours pas de réponses", regrette Sophie Vénétitay.  


Laure GIUILY

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