"Comment sommes-nous devenus si cons ?" : le cri de colère du linguiste Alain Bentolila

Publié le 10 septembre 2014 à 18h10
"Comment sommes-nous devenus si cons ?" : le cri de colère du linguiste Alain Bentolila

SOCIETE - "Comment sommes-nous devenus si cons ?", du linguiste Alain Bentolila, sort en libraire jeudi 11 septembre. Avant la publication du livre, metronews a rencontré l’auteur et l'a interrogé sur son coup de colère qui touche à l'ensemble de la société, de l'école à internet.

Comment sommes-nous devenus si cons ? Derrière le titre un brin provoc’, Alain Bentolila, dans son ouvrage à paraître jeudi 11 septembre aux éditions First, dresse un portrait sévère de notre rapport à l’intelligence et à l’apprentissage. Premier lieu concerné : l’école. L’auteur pousse un cri de colère contre des années d’errances éducatives. 

Vous dressez un portrait très rude de notre environnement contemporain...
On n’est pas con, on nous a rendus cons ! La télévision en porte une grande responsabilité : même s’il y a des émissions remarquables, celles regardées sont souvent d’une affligeante débilité. Les réseaux sociaux ont également une part de responsabilité ; Facebook rend les gens très cons. Les hommes politiques, enfin, au discours rodé, nous prennent également pour des cons… et à force, on finit par le croire.

Il y a aussi l’école. Dans votre livre, vous déplorez que celle-ci ne gomme plus les différences socioculturelles, qu’elle ne fasse plus son travail.
Absolument. Même si, et je l’écris dans le livre, c’est notre seul espoir. Le problème, c’est qu’il y a, d’une part un manque de formation des enseignants et, d’autre part, les orientations politiques prises ne sont pas les bonnes. 

Pour autant, vous ne proposez pas de solutions. Un coup d’épée dans l’eau ?
Non, il ne s’agit pas d’un constat vain. Ce que je dis, c’est qu’il ne faut jamais choisir entre apprendre et comprendre. Il faut les deux. J’invite à la réflexion.

Dans un rapport publié mardi 9 septembre, l’OCDE pointe la faible rémunération des enseignants français comparés à leurs voisins européens. Une des raisons de l’échec scolaire ?
Outre le fait que les enseignants sont terriblement mal formés, ils sont sous-payés par rapport à leur niveau d’études. Plutôt que d’augmenter leur nombre – attention à ne surtout pas le diminuer – il faudrait les augmenter tout court, les mettre en concurrence et relever les exigences. Le problème de la rémunération est révélateur de la crise que traverse l’Éducation nationale.

Enfin, dire que l’on va augmenter le nombre d’enseignants [François Hollande souhaitait créer 60.000 postes au début de son quinquennat, ndlr], c’est un effet d’annonce : ça ne règle rien. Le seul effet sera de passer de 28 à 25 élèves par classe quand, dans certains temps d’enseignements, il faudrait un maximum de 8 enfants par enseignant.

Comment sommes-nous devenus si cons ?  d'Alain Bentolila (Editions First, 14,95 euros)


La rédaction de TF1info

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