Corinne Lepage : "Les victimes de la tempête Xynthia ne manifestent aucune haine"

Publié le 14 septembre 2014 à 18h16
Corinne Lepage : "Les victimes de la tempête Xynthia ne manifestent aucune haine"

PROCES - Quatre ans et demi après le passage de la tempête Xynthia qui a coûté la vie de 29 personnes dans la commune vendéenne de La Faute-sur-Mer, le procès des responsables présumés s'ouvre lundi. L'avocate et ancienne ministre Corinne Lepage défend les parties civiles. Elle répond aux questions de metronews avant l'ouverture des débats.

Dans quel état d'esprit se trouvent les parties civiles avant l'ouverture du procès ?
L'angoisse est grande car elles vont revivre un épisode extrêmement douloureux de leur vie. Une quarantaine de personnes sur les 120 que je représente doivent témoigner lors de ce procès qui va sans doute les aider à achever le travail de deuil.

Qu'attendent-elles des audiences qui vont débuter ?
Elles sont déterminées à ce que la vérité soit dite sur cette tragédie et souhaitent que les enseignements soient tirés pour que personne ne se retrouve à l'avenir dans une telle situation. Elles ne manifestent cependant aucune haine, aucune violence.

Parmi les cinq accusés, il y a d'anciens élus qui semblaient avoir des intérêts à la construction de logements dans la zone inondée. Quelle place cet aspect du dossier va-t-elle prendre dans les débats ?
Le procureur et le juge d'instruction n'ont pas retenu la prise illégale d’intérêts des personnes mises en cause. Mais la question de leur intérêt personnel, notamment dans la délivrance des permis de construire, devra être soulevée par le tribunal pour déterminer la responsabilité de chacun.

L'Etat n'est pas directement mis en cause dans ce procès. Pourquoi ?
L'Etat a fait une partie de son travail en imposant au maire de La Faute-sur-Mer un plan de sauvegarde en 2007 alors qu'il refusait ce type de mesures depuis 2002. L'Etat aurait-il pu aller plus loin ? On peut en discuter. Néanmoins, de nombreuses mises en garde avaient été adressées au maire depuis 2002 qui n'ont jamais été suivies d'effets. Quoi qu'il en soit, le juge d'instruction, comme le parquet, a décidé que seule la responsabilité pénale du directeur adjoint des Territoires et de la Mer à la préfecture, Alain Jacobsoone, pouvait être recherchée pour sa gestion au moment du drame.

Quels dommages et intérêts réclamez-vous en réparation du préjudice subi ?
Nous n'avons pas encore communiqué sur ce point mais ça viendra.

Selon vous, les enseignements ont-ils déjà été tirés de cette catastrophe ?
Il faut noter que le champ d’application de la "loi Barnier" qui permet de procéder à des expropriations en cas de risque naturel majeur a été étendu. Ensuite, je pense que les préfets montrent depuis Xynthia une plus grande vigilance par rapport au Plan de prévention du risque inondation (institué en 1987 pour prévenir les risques dans les zones inondables et dont les communes de la côte atlantique les plus touchées par la tempête Xynthia n'étaient pas dotées, ndlr). Mais il reste beaucoup à faire en la matière.

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La rédaction de TF1info

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