Coup de filet anti-djihadiste : mais que se passe-t-il à Lunel ?

Publié le 27 janvier 2015 à 16h20
Coup de filet anti-djihadiste : mais que se passe-t-il à Lunel ?

TERRORISME – Cinq personnes ont été placées en garde à vue à Lunel, dans l'Hérault, après une opération anti-djihadiste mardi matin. Après les vingt jeunes Lunellois partis en Syrie dans les rangs de l'Etat islamique, cette petite ville de 25.000 habitants fait à nouveau parler d'elle.

Lunel se retrouve à nouveau sous le feu des projecteurs. Mardi matin, cinq personnes y ont été placées en garde à vue - ainsi que dans des communes proches - dans le cadre d'un coup de filet anti-djihadiste. Ce n'est pas la première fois que cette petite ville de l'Hérault fait ainsi la une de l'actualité. En octobre dernier, une vingtaine de jeunes Lunellois étaient partis en Syrie pour combattre dans les rangs de Daesh. Depuis, six d'entre eux sont morts. La commune d'un peu plus de 25.000 habitants a même été baptisée par par le New York Times "cité qui détient le plus de djihadistes du monde".

Un imam modéré

Que se passe-t-il à Lunel ? Le maire de la ville - classée en zone de sécurité prioritaire - a réagi mardi dans un communiqué en jugeant qu'il était "impératif de savoir si un réseau organisé existe ou non sur la commune". C'est probablement ce que la DGSI, qui enquêtait sur l'hypothèse d'une filière, a cherché à établir en procédant à ces interpellations.

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Filière ou non, certains pointent une mosquée sous influence de l'islam radical. Le préfet de l'Hérault a jugé celle-ci "préoccupante", en raison d'"un risque d'emprise fondamentaliste", alors qu'en décembre, l'ancien président de l'Union des musulmans de Lunel avait refusé de condamner le départ des djihadistes avant de revenir sur ses propos. "Nous n'avons rien à voir avec cela, se défend un bénévole de la mosquée que nous avons joint. Il n'y a pas de radicalisation ni d'embrigadement entre nos murs." Même analyse pour l'islamologue Mathieu Guidère, professeur à l'université de Toulouse. "Je me suis rendu sur place, j'ai enquêté. L'imam est modéré et la mosquée ne prône pas d'extrémisme religieux", affirme-t-il à metronews.

Copycat et mimétisme terroriste

A Lunel, à mi-chemin entre Nîmes et Montpellier, le taux de chômage avoisine les 20%, contre 10% au niveau national. Pour certains, c'est dans cette situation économique difficile qu'il faut trouver les racines du mal. "Nos jeunes se sentent refoulés de la société, nous explique le militant associatif Pascal Gomez, à l'initiative d'un rassemblement samedi 24 janvier contre les racismes. Ils n'ont pas de travail, pas de formation. Cela suffit à de nombreuses dérives."

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Pourtant, les facteurs socio-économiques n'expliquent pas tout. "On ne peut pas prendre de tels raccourcis, tous les chômeurs ne sont pas de futurs terroristes", remarque pour metronews Sandrine Cizos, enseignante et présidente de l'association locale Pêcheurs d'images. Une analyse partagée par Mathieu Guidère, qui considère qu'il s'agit avant tout d'un phénomène de mimétisme terroriste. "Du copycat, un effet d'entraînement entre jeunes de Lunel qui pourrait tout à fait se produire ailleurs en France."

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La rédaction de TF1info

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