Coup de filet antiterroriste : quand la DGSI s'inquiétait d'une montée de l'ultra-droite

Publié le 25 juin 2018 à 12h00, mis à jour le 28 juin 2018 à 11h56
Coup de filet antiterroriste : quand la DGSI s'inquiétait d'une montée de l'ultra-droite
Source : googlestreetview

SECURITE - L'interpellation dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 juin de dix personnes soupçonnées de préparer des actions violentes contre des musulmans fait resurgir l'hypothèse du risque d'un terrorisme d'ultra-droite. Un danger sur lequel les services de renseignement français ont alerté à plusieurs reprises ces dernières années.

Cas marginal ou risque réel ? L'interpellation de dix personnes ce week-end, révélée par TF1 et LCI, soupçonnées de vouloir préparer des actions violentes contre des musulmans en représailles du terrorisme islamiste fait écho à plusieurs alertes émises ces dernières années par les services de renseignement français. 

Si les dossiers impliquant "l'ultra-droite" restent rares au sein du pôle antiterroriste de Paris au regard du terrorisme islamiste, la France avait notamment été marquée en octobre 2017 par un précédent. Les services avaient démantelé un groupuscule dans l'entourage de l'ex-militant d'Action française Logan Nisin. Arrêté en juin 2017, ce dernier avait reconnu avoir fondé "l'OAS", dont la dénomination faisait référence à l'organisation qui menait des campagnes sanglantes contre l'indépendance algérienne dans les années 1960. Le groupe avait un mot d'ordre : "Enclencher une re-migration basée sur la terreur", avec des menaces proférées à l'encontre du député LFI Jean-Luc Mélenchon, du secrétaire d'Etat Christophe Castaner, et la volonté de cibler des "kebabs" à Marseille ou encore "le chantier de la grande mosquée de Vitrolles". Mais l'entreprise avait tourné court "faute de moyens", selon l'enquête. 

Un réseau d'extrême-droite qui préparait des attentats démanteléSource : Sujet JT LCI
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Risque de "confrontation"

Dans le cadre de l'opération de ce week-end, en revanche, des armes à feu ont été découvertes lors des perquisitions et plusieurs suspects avaient évoqué la conception de grenades et autres explosifs. 

Un situation qui renvoie aux propos tenus en en mai 2016 par l'ancien patron du renseignement intérieur (DGSI) Patrick Calvar, auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015. "Je pense que nous gagnerons contre le terrorisme", estimait le responsable. "Je suis en revanche beaucoup plus inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l'entraîne [...] Nous devrons, à un moment où à un autre, dégager des ressources pour nous occuper d'autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable. Vous aurez une confrontation entre l'ultra-droite et le monde musulman."

Plus récemment, une note de services de renseignement révélée en avril 2018 alertait les autorités sur la proportion grandissante de membres de forces de l'ordre ayant rejoint des groupes d'autodéfense en lien avec "l'extrême droite violente", soit une cinquantaine de policiers, gendarmes et militaires. Parmi les dix personnes interpellées ce week-end figure notamment un militaire. 

En janvier 2016, deux personnes avaient été interpellées en Gironde et une trentaine d'armes saisies dans le cadre de perquisitions administratives dans les milieux de l'ultra-droite. A l'époque, on estimait le nombre d'individus appartenant à ce type de groupuscules à 3000 individus au maximum sur le sol français. 


La rédaction de TF1info

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