INJECTION - Tous les professeurs de plus de 55 ans bénéficient d'un accès prioritaire à la vaccination depuis le samedi 17 avril, pour deux semaines. Mais à quelques jours de la rentrée scolaire, le nombre de vaccinés reste très limité. Explications.
La rentrée approche à grands pas. Les élèves du premier degré retrouveront le chemin de l'école lundi 26 avril après trois semaines de fermeture, dont deux pour les vacances. Afin d'assurer une rentrée scolaire optimale, le gouvernement a ouvert des créneaux de vaccination réservés aux professeurs de plus de 55 ans depuis le samedi 17 avril pour deux semaines. Mais cette mesure est jugée "partielle donc inefficace" par le Syndicat national des lycées et des collèges (Snalc) représenté par Jean-Remi Girard.
En effet, les enseignants de plus de 55 ans ne représentent que 16% du nombre total de professeurs en France, d'après les données du ministère de l'Éducation nationale. Sur près d'un million d'enseignants dont l'âge moyen est de 42 ans, 160.000 seulement ont donc un accès prioritaire à la vaccination depuis ce week-end. "Il faut aller plus loin en baissant l'âge des prioritaires", estime le président du Snalc à LCI. "De nombreux professeurs souhaitent être vaccinés, mais ne le peuvent pas."
De plus, 20.000 personnes prioritaires, sur 400.000 concernées, ont été vaccinées en France depuis samedi, dont 1.700 en Ile-de-France, rapporte le ministère de la Santé ce mardi à LCI, sans préciser toutefois le nombre de professeurs au sein de ce public. Ces chiffres restent faibles à quelques jours d'une reprise sous tension. "On aurait dû commencer cette vaccination prioritaire des professeurs plus tôt", fustige Guislaine David, présidente du Syndicat national unitaire des instituteurs des écoles et PECG (SNUipp-FSU) auprès de LCI.
Tous vaccinés... En septembre prochain ?
Comment expliquer ce faible score vaccinal ? "Les professeurs sont réticents, ils ne veulent pas se faire vacciner avec AstraZeneca", avance la présidente du SNUipp-FSU. C'est pourtant l'unique vaccin qui leur est accessible à ce jour. De plus, selon son homologue du Snalc, de nombreux professeurs prioritaires n'ont pas pu bénéficier de cette mesure faute d'anticipation : "ils ont été prévenus au dernier moment, la plupart n'ont pas pu se rendre dans un centre de vaccination."
Les deux représentants syndicaux sont guère optimistes quant à une accélération de la vaccination chez les profs au cours des prochaines semaines. Ils tablent davantage sur une immunisation totale du corps enseignant après les vacances estivales. "À l'allure où l'on vaccine, les professeurs de 40 ans et moins ne seront pas vaccinés avant cet été", lance Guislaine David. "Nous pouvons espérer une rentrée optimale en septembre prochain", se résigne Jean-Rémi Girard.
À défaut d'une vaccination massive des professeurs, Guislaine David et Jean-Rémi Girard appellent ainsi à renforcer le protocole sanitaire dans les écoles dès lundi 26 avril. Notamment dans les classes de maternelles où les instituteurs font face à des classes chargées non-masquées. "Nous devons continuer à appliquer rigoureusement les gestes barrières, note Guislaine David, mais aussi tester plus massivement les élèves avec des autotests, mieux les tracer en cas de contamination, trouver des alternatives aux cantines où ils retirent leur masque et mettre en place des capteurs de CO2 dans les établissements."
Autre piste envisagée par les syndicats : faire revenir les élèves du premier degré en jauge réduite. Mais là encore, "le gouvernement n'a pas réfléchi à ce que nous faisons du reste des élèves supposés être à distance la moitié du temps, relève Jean-Rémi Girard. "Il aurait déjà dû trouver des lieux tiers, recruter du personnel" et "acheter du matériel informatique."
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Afin d'éclaircir ces interrogations en suspens, les syndicats ont rendez-vous avec le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer ce jeudi 22 avril. Mais "il sera presque déjà trop tard pour anticiper une reprise dans de bonnes conditions sanitaires", regrette le président du SNALC. "À chaque rentrée scolaire depuis un an, on se retrouve dans l'urgence d'agir", déplore sa consœur au SNUipp-FSU. "Nous redoutons cette nouvelle rentrée et craignons de nous retrouver dans la même situation catastrophique dans quelques semaines. Une fois encore, on a raté le coche pour améliorer la situation épidémiologique dans les écoles."