Précarité, solitude, morosité... Laurent Berger craint un "décrochage démocratique" lié à la crise sanitaire

Publié le 16 novembre 2020 à 11h28, mis à jour le 3 mars 2021 à 11h55

Source : TF1 Info

SOLIDARITÉ - Invité politique de LCI ce mercredi, Laurent Berger insiste sur la nécessité de ne laisser personne de côté lors de cette crise sanitaire, au risque "de ne plus arriver à faire société demain".

Depuis bientôt un an, le Covid-19 et son lot de morts, de restrictions, de contraintes fait partie de notre quotidien. À la radio, à la télé, dans la rue, il est de toutes les conversations, de toutes les préoccupations. Il masque les sourires, nous prive de contacts, mets des milliers de personnes au chômage, en plonge des millions dans la précarité. Pour beaucoup, la situation est difficile à vivre, pour certains elle est insupportable même. Mardi soir, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, affirmait que le nombre de Français dépressifs en France avait doublé entre fin septembre et début novembre. Conséquence d'un nouveau confinement, d'une pandémie dont on ne voit pas le bout. Invité ce mercredi matin par LCI, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger insiste sur l'importance de ne laisser personne "au bord de la route", au risque de "de ne plus arriver à faire société demain".

La nécessaire mobilisation de "l'ensemble des acteurs" économiques et sociaux

"En mars, la CFDT a proposé au gouvernement la mise en place d’un comité d’experts en sciences sociales pour mesurer les impacts psychologiques de ce premier confinement. A ce moment-là, on nous a dit que la priorité étaient la santé et l’économie et le social avec le chômage partiel, à juste titre", rappelle Laurent Berger. "Aujourd’hui, les mots qui reviennent le plus, c’est lassitude, fatigue, colère, inquiétude, incertitude."  Pour le syndicaliste, il est impératif de mobiliser "l'ensemble des acteurs économiques et sociaux, voire politiques avec les collectivités territoriales" afin de n'oublier "personne au bord de la route" à l'issue de cette crise. Il craint notamment pour le devenir pour ceux qui sont en situation de précarité ou à la limite, "qui risquent d'être les oubliés de cette relance".

Laurent Berger compte d'autre part beaucoup sur le monde associatif, très en difficulté, pour "recréer du commun à travers des choses très concrètes". "Il manque du lien, de l’accompagnement. On n’a pas seulement besoin de dispositifs, mais aussi de récits et d’accompagnement", estime-t-il, soulignant à regret la baisse du nombre de créations d’associations a baissé, tout comme l’engagement bénévole. 

Je crois que cette précarité démocratique, c’est le risque de ne plus arriver à faire société demain.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT

Face à cet isolement, le secrétaire général de la CFDT craint l'installation d'une "précarité démocratique". "Je crois à une forme de décrochage d’une grande partie de la population, qui essaiera de s’en sortir comme elle peut et qui ne fera plus forcément confiance au fait qu’on puisse créer du commun", déclare-t-il. "Je crois que cette précarité démocratique, c’est le risque de ne plus arriver à faire société demain. À ne plus recréer du commun, à faire vivre du commun et des horizons collectifs. Et ça c’est très dangereux."

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